Un pacte mondial sur les migrations doit être adopté lors du sommet de l'ONU qui se tient aujourd’hui et demain à Marrakech.
Non contraignant, ce texte divise pourtant la communauté internationale. Ce pacte avait été approuvé en juillet dernier par l'Assemblée générale des Nations-Unies, à l'exception des États-Unis. Il doit être ratifié lors de la conférence qui se tient aujourd’hui et demain à Marrakech. L'idée centrale de ce pacte est formulée dans son intitulé : promouvoir "des migrations sûres, ordonnées et régulières". Le phénomène migratoire y est considéré comme inéluctable, mais il est jugé bénéfique. La France a d’ailleurs prévu de le signer.
Pourtant, plusieurs pays ont choisi de ne pas signer ce pacte. Il pose comme principe la "dimension humaine, inhérente à l'expérience migratoire". Le texte concerne uniquement les migrants et pas les réfugiés, qui bénéficient d'un régime juridique spécifique. Le Pacte rappelle aussi le droit souverain des États à déterminer leur politique nationale en matière d’immigration. Il fixe 23 objectifs assez généraux qui vont du Respect des droits de l'homme à la lutte contre les passeurs, en passant par la promotion d'un discours "ouvert" sur l'immigration.
Car si ce texte n’est pas contraignant, il est bien loin de faire l’unanimité. Les Etats-Unis se sont retirés des négociations autour du pacte dès décembre 2017. Dans l'Union européenne, un tiers des États-membres refusent de s’engager : la Hongrie, l'Autriche, la Pologne, la République tchèque, la Bulgarie, la Slovaquie et la Lettonie. S'ajoutent l'Italie, qui a "gelé" sa position, et la Belgique, qui se déchire sur la question.
Opposé au pacte, le premier parti de Belgique, la N-VA des nationalistes flamands, a quitté le gouvernement samedi soir entraînant une crise politique. Hors d'Europe, Israël, la République dominicaine et l'Australie n’ont pas l’intention non plus de valider le pacte mondial sur les migrations. Pour eux, le pacte remet en cause la sécurité et la souveraineté des Etats. En France, les partis LR et RN s’opposent au texte. Marine Le Pen a organisé Il y a une semaine une conférence de presse au siège de son parti pour dénoncer ce pacte de Marrackech.
Précisons qu’une mesure de ce pacte a plus particulièrement suscité la controverse chez les opposants. Il s’agit de l’objectif 17. Il vise à “éliminer toutes les formes de discrimination et à encourager un débat public fondé sur l’analyse des faits afin de faire évoluer la manière dont les migrations sont perçues.” Les Etats signataires sont notamment invités à promouvoir "les reportages indépendants et objectifs", à "sensibiliser et éduquer les professionnels des médias" sur ces questions. Cela peut aller de directives sur la "terminologie" à employer, jusqu'à la coupure de fonds publics aux médias "qui font la promotion systématique de l'intolérance, de la xénophobie, du racisme et d'autres formes de discrimination envers les migrants".
Ce pacte est en fait devenu un enjeu politique. Parmi ses défenseurs, il y a le Secours Catholique. Il s'agit de la seule association française à s’être engagée dans un travail de suivi des négociations pour l’adoption de ce pacte mondial pour des migrations "sûres, ordonnées et régulières". Solène Bedaux est chargée de plaidoyer international sur les migrations au Secours Catholique – Caritas France. Elle a participé aux négociations qui se sont tenues à Genève, Puerto Vallarta au Mexique et New York ces 18 derniers mois. Elle nous dit pourquoi elle pense que ce document est important.
Le gouvernement français sera représenté à Marrakech par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. Emmanuel Macron, qui soutient le texte a préféré renoncer à se déplacer en pleine crise sociale. Rappelons qu’en marge du mouvement des "Gilets jaunes", le spectre d'une immigration incontrôlée dans le cadre de la signature de ce pacte a agité les réseaux sociaux.
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