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Mine, mais laquelle ?

RCF,  - Modifié le 7 février 2019
Chaque jour Jean Pruvsot vous décrypte un mot.
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Le mot « mine » n’est pas sans être assez difficile à cerner, puisqu’il abrite en fait plusieurs mots homonymes : d’un côté l’extraction de minerai, avec une période qui fut celle des fermetures puis depuis peu de réouvertures, et de l’autre l’idée d’avoir bonne ou mauvaise mine, ou même grise mine si l’on est contrarié. Mots à suivre donc, au pluriel

La mine de charbon est aussi à l’origine d’une autre mine encore, celle de nos crayons, qui au départ résulte du graphite du charbon. Cette mine de charbon ou de crayon bien noire vient probablement d’un mot celtique, mina. De fait l’extraction des minerais ne date pas d’hier. Les Gaulois la pratiquaient déjà pour forger à partir du minerai de fer, par exemple, des armes, des outils.

En somme la « mine » au sens large date de l’âge du fer. Et ce qu’on tire d’une mine est tout naturellement appelé minerai, un mot attesté en 1314. Il en va tout autrement de la bonne ou mauvaise mine qu’on affiche, qui vient probablement du breton min, bec, museau, même si quelques-uns pensent que ladite bonne mine pourrait venir du minium, du latin miniare, « colorer en rouge », supposant donc une bonne mine, bien colorée, mais l’hypothèse bretonne semble l’emporter.

Quant à la mine "patibulaire", elle vient du latin patibulum, qui désignait la fourche sur laquelle on étendait les esclaves pour les battre, puis le gibet. Avoir une mine patibulaire c’était donc avoir l’air d’un gibier de potence… Mais il existe encore un autre mot mine très peu connu, à ne pas oublier.

« Secret » est peut-être un grand mot, même si je viens de publier Les secrets des mots… mais on a aussi appelé « mine » une mesure de grains valant la moitié d’un setier, et ce mot « mine » venait du latin hémina signifiant justement « la moitié ». En vérité, longtemps utilisé dans le sud de la France, la mine en tant que mesure correspondant en gros à un peu plus de cinquante litres. Ce qui complique la chose au XVIIe siècle, c’est qu’on pouvait évoquer une mine de grains, mais on mesurait parfois également ainsi le charbon, alors voyez la complication, une mine de charbon issue de la mine de charbon… De quoi faire grise mine. D’où sans doute la disparition de ce troisième homonyme. Je vote de toute façon pour la bonne mine !

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