Son nom aura marqué l'histoire de la télévision et surtout de la télévision ; Bernard Pivot est mort à l'âge de 89 ans, des suites d'une maladie, ce lundi 6 mai. Le journaliste devenu écrivain laisse derrière lui 724 émissions d'Apostrophes et une vingtaine de livres. Il aura transmis l'amour de la littérature à des milliers de téléspectateurs. En 2011, il avait raconté son histoire avec beaucoup d'humilité dans l'émission Visages de Thierry Lyonnet, voici ce qu'il disait.
Son nom sera à tout jamais associé à l'émission "Apostrophes" qui a fait son succès entre 1975 et 1990. Chaque semaine, deux à trois millions de téléspectateurs étaient devant le poste pour l'écouter lui, le journaliste exigeant, et ses invités prestigieux. Sa notoriété s'installa davantage avec l'émission "Bouillon de culture" de 1995 à 2001, mais aussi avec les célèbres dictées et avec le championnat d'orthographe des Dicos d'or qu'il créa. En 2004, il devint le premier journaliste à intégrer l'académie Goncourt, avant d'en devenir président jusqu'en 2019.
Ce curriculum vitae en dit beaucoup sur le talent du journaliste originaire de Lyon. Pourtant, en grand modeste qu'il était, Bernard Pivot assurait qu'il devait cette réussite à la chance. "J'ai eu beaucoup de chance dans ma vie [...] Je n'ai jamais eu de plan de carrière, chaque fois on est venu me proposer un défi", expliquait-il au micro de Thierry Lyonnet en 2011.
J'ai été un gros travailleur, à tel point que j'ai mis de côté ma famille
Mais cette chance, il a su la cultiver. Car en plus de la reconnaître, il la saisissait et se donnait corps et âmes pour réussir les défis qu'on lui lançait, que ce soit dans un journal, à la radio ou à télévision. "L'opiniâtreté, l’envie de gagner... Toutes ces qualités sportives, je les appliquais au travail qui m’était confié", raconte-t-il, admettant avoir "été un gros travailleur, à tel point que j'ai mis de côté ma famille".
S'il passait si peu de temps avec sa famille, c'est parce que Bernard Pivot était occupé à lire. Chaque jour, il lisait entre dix et douze livres. En journaliste exigeant, il s'efforçait de lire, dans leur intégralité, les livres des auteurs et autrices qu'il recevait. "Ce qui me paraissait essentiel c’est que j’arrive bardé de questions. Je savais très bien que les deux tiers je n’aurai pas le temps de les poser, mais ça me rassurait", raconte-t-il.
Avant d'être journaliste et présentateur star, Bernard Pivot a rêvé d'être écrivain. Dès l'âge de 23 ans, il écrivit son premier roman "L'amour en vogue", dont l'histoire se passe dans sa ville de Lyon. Mais ce premier jet ne fut pas satisfaisant à ses yeux et Bernard Pivot renonça à ce métier et à cette vie "de forçat".
"Entre temps, je suis entré au Figaro littérature, j’ai lu mes contemporains et je me suis aperçu que je n’avais pas le talent pour être écrivain [...] J’avais très conscience de mes limites, de mes défauts et donc j’ai renoncé", expliquait-il en 2011, en admettant que ce renoncement était une "légère blessure".
Je me suis aperçu que je n’avais pas le talent pour être écrivain
Même après avoir publié son autobiographie Les Mots de ma vie chez Albin Michel en 2011, Bernard Pivot ne se considérait toujours pas comme un écrivain. "C’est vrai que dans ce livre-ci, j’ai essayé d’être un écrivain mais je suis très exigeant sur la qualité d’un écrivain [...] et je suis loin de tout ça".
En plus d'être modeste, Bernard Pivot était surtout attaché à la déontologie journalistique. Même si cela le "démangeait d'écrire un livre", il ne le faisait pas car il estimait qu'il était "incompatible d'être à la fois écrivain et journaliste interviewant des gens à la télévision".
Il n'imaginait pas que ses livres puissent faire concurrence à ceux des auteurs et autrices qu'il recevait. Mais désormais, et alors que sa famille a annoncé sa mort ce lundi 6 mai, nul doute que ses livres seront en bonne place dans les librairies, aux côtés d'autres célèbres écrivains français.
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