Agnès Buzyn, la ministre de la Santé a donc quitté son poste pour se lancer dans la courses aux municipales dans la capitale. Et de l’opinion publique à la santé, les réactions sont mitigées. Agnès Buzyn a annoncé dimanche soir sa démission du gouvernement du ministère de la Santé. A trente jours du premier tour des élections municipales, elle prend le relais de Benjamin Griveaux pour tenter de sauver les meubles et revenir dans la course à la mairie de Paris. C’est Olivier Véran, député LREM de la première circonscription de l'Isère, neurologue au CHU de Grenoble, qui lui succède au ministère de la Santé.
Agnès Buzyn n’ a pu retenir son émotion lorsqu’elle a passé le flambeau lundi matin à son successeur. Il faut dire qu’elle quitte son ministère avec déchirement. Ce ministère qu’elle a conduit pendant deux ans et demi est selon ses propres termes “celui de la construction du lien, au sens premier, celui du soin et donc du sens”. D’autant que quelques heures plus tôt, elle avait assuré qu’elle ne pouvait pas être candidate à cause de son agenda très chargé. Ce revirement orchestré en urgence par le gouvernement et la majorité présidentielle pourrait envoyer un signal négatif à une opinion publique déjà à fleur de peau. C’est ce qu'explique le politologue Luc Rouban directeur de recherche au CNRS.
Agnès Buzyn brigue donc désormais la mairie de Paris. C'est un autre médecin qui lui succède. Olivier Véran. Ce dernier a dirigé le service de neurologie du CHU de Grenoble où il continuait jusqu’à présent de recevoir ses patients. Pendant ses études de médecine, Olivier Véran a suivi un cursus de gestion des politiques de santé à Sciences Po Paris. Et si son nom est peu connu du grand public, ce neurologue de 39 ans n’est pas un novice en politique. Pour Frédéric Pierru, sociologue de la santé, qui a participé à de nombreuses commissions avec Olivier Véran, l’ambition politique a rattrapé le médecin.
Ce nouveau ministre de la Santé va devoir s'atteler à de gros dossiers laissés sur son bureau par Agnès Buzyn: la menace d'épidémie du coronavirus, la réforme des retraites et la crise à l’hôpital public. Un point sur lequel il a tenu à donner quelques gages, lundi, lors de sa prise de fonction. Mais dans les hôpitaux, certains regardent ébahis le remaniement de ces dernières heures.
Il faut dire que onze mois après le début de la grève dans les services d’urgence, les personnels hospitaliers sont toujours sur les dents. Ils demandent plus de moyens et de meilleurs conditions de travail. Le départ d’Agnès Buzyn et l’arrivée d’Olivier Véran ne sont donc franchement pas de nature à calmer les esprits. C'est ce qu'explique Hugo Huon, infirmier à l'hôpital Lariboisière à Paris. C’est le président du collectif Inter-Urgences avec lequel il a signé un livre, "Urgences, l'hôpital en danger" aux éditions Albin Michel.
Le nouveau ministre de la Santé est donc sur le front de l’hôpital public mais il a consacré lundi soir son premier déplacement de terrain au coronavirus. Olivier Véran s’est rendu à l'hôpital Bichat,à Paris, un des plus en pointe en matière de lutte contre les maladies infectieuses. Olivier Véran a rendu visite à la fille du touriste chinois de 80 ans, décédé jeudi soir.
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