Néoules est une commune de 2.700 habitants, à égale distance de Marseille, et de Draguignan. Au pied de la Sainte Baume. Être maire, même si la commune est de taille raisonnable, demande de l’organisation. "Il faut se laisser des moments pour la réflexion, mais à tout moment il peut survenir quelque chose, et il faut être opérationnel et disponible sept jours sur sept, H24" explique André Guiol, le maire de Néoules, une fonction qu’il occupe depuis 1995.
André Guiol est né dans ce village, il y a toute sa famille. Il souhaite y mourir. Il se dit donc "impliqué". "La fonction de maire, ça me comble. Quand on réussit quelque chose, c’est très gratifiant » ajoute-t-il, même si parfois le ciel s’obscurcit. Comme l’été dernier, au moment de la mort du maire de Signes. "C’était un ami. Il adorait sa commune, il y était né. On a tous été très perturbés" lance-t-il.
Un fait divers qui a permis de mettre en lumière l’isolement et le sentiment d’abandon de certains maires. "On le sent de plusieurs manières. Notamment par les pertes de dotation, par des compétences qui nous échappent. On a le sentiment quelque fois d’être abandonné. C’est un sentiment général partagé par les populations des zones rurales et des quartiers, mais cela touche aussi les élus" reconnait André Guiol.
Le maire de Néoules ne mâche d’ailleurs pas ses mots au sujet de la politique menée par les trois derniers présidents en matière de décentralisation des pouvoirs. "Force est de constater que les trois présidents, au sujet des relations communes-État, ne nous ont pas fait de cadeaux. Nicolas Sarkozy a supprimé la taxe professionnelle. Avec Hollande, on a assisté à la baisse sévère des dotations globales de fonctionnement. Et récemment, avec la taxe d’habitation qui va être compensée par une taxe qui se veut dynamique, c’est un moindre mal, mais avec les pertes de compétences associées, cela sera difficile. Les trois pertes jumelées, on les vit assez mal" critique-t-il.
Pour André Guiol, il faut rétablir la confiance entre l’État et les collectivités telles que les municipalités. "Cela se passe parfois assez bien. On a des préfets et des sous-préfets qui jouent bien le jeu. Mais c'est une fois que la confiance sera rétablie que l’on pourra trouver un équilibre. On vit dans un régime où l’État a besoin de ses communes et réciproquement" analyse le maire de Néoules, qui salue l’initiative du Grand Débat National, qui a permis aux maires d’interpeller le président de la République.
Historiquement, les villages et les paroisses de France ont une importance dans le pays. "Notre pays s’est construit dessus. Aujourd’hui, plus que toute autre chose, on a besoin de proximité. Et mettre à mal ces villages serait une erreur historique. On nous compare avec les autres pays européens. Mais ils n’ont pas la même histoire. Ils ne sont pas tous construits sur les villages, sur la Révolution française. La commune, c’est la cellule de base de la République" conclut André Guiol.
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