Les arrêtés anti-pesticides, l'injonction à manger sain, bio et local, le malaise des agriculteurs. Autant de sujets qui nous invitent, depuis plusieurs mois, à nous poser des questions sur l'agriculture que nous voulons. Pour les acteurs du monde agricole, ces élections sont l'occasion de montrer ce que l’agriculture apporte à nos territoires. C'est ce qu'explique sur RCF Henri Bies-Péré, deuxième vice-président de la FNSEA, la Fédération des Syndicats d'Exploitants Agricoles. Il est éleveur de vaches laitières dans le Béarn.
Pour cette élection, la FNSEA a incité les agriculteurs à se présenter comme candidats. Le but : enrayer le déclin des agriculteurs à la tête des mairies des communes rurales. Dans les années 50, un maire sur deux était un agriculteur. Ils étaient 35% aux municipales de 2001dans les communes de moins de 5.000 habitants. Ils ne sont plus que 15% aujourd'hui. Et pourtant, c'est là qu'ils peuvent peser comme le rappelle Henri Bies-Péré, de la FNSEA, qui a lui-même été conseiller municipal pendant trois mandats. La FNSEA a également réalisé à l'approche de ces municipales une plateforme à destination des candidats aux municipales, avec quinze propositions concrètes pour faire de l’agriculture la première politique d’aménagement du territoire.
Parmi les grandes problématiques agricoles, il y a la préservation des terres. La France a perdu un quart de sa surface agricole sur les 50 dernières années. Les chefs d’exploitation sont deux fois moins nombreux qu’il y a trente ans. Et désormais la plupart de ces exploitations sont situées dans des pôles urbains ou à proximité, dans un espace sous forte pression de l’urbanisation. Cette artificialisation des sols entraîne l'augmentation du prix du foncier et incite les propriétaires à garder leurs terrains en friche en attendant de les vendre pour la construction. Ce que déplore Vincent Arcusa, président de l’ADEAR du Var, une association qui regroupe des paysans en activité et des porteurs de projet agricole.
L'autre enjeu pour les agriculteurs, c'est la question de l'alimentation. De la maternelle au lycée en France, deux enfants sur trois en moyenne, soit plus de sept millions d'enfants, mangent à la cantine au moins une fois par semaine. Chaque collectivité est libre de choisir son mode de gestion de la restauration collective. De plus en plus d'agriculteurs militent pour qu'elles fassent le choix d'une alimentation, locale et bio. D'une part pour soutenir les exploitants locaux et d'autre part pour éduquer dès le plus jeune âge les enfants et ainsi établir un lien entre ceux et celles qui cultivent et ceux et celles qui mangent. C’est ce pour quoi milite Damien Roumet, coordinateur ressources à la fédération Terres de liens, une association qui milite pour préserver les terres agricoles et faciliter l'accès des paysans à la terre. Pour rappel, la loi Egalim fixe un objectif de 50% de produits sous mention de qualité dans la restauration collective dont 20% de bio d'ici au 1er janvier 2022.
De plus en plus de gens se posent la question de l’impact de leur alimentation sur leur santé mais aussi sur la planète. Quels seraient les impacts si votre école, votre entreprise, votre ville changeaient son alimentation ? Si vous consommiez des produits issus de l’agriculture biologique ? Ou moins de viande ? La fédération Terre de Liens, la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique et le Basic ont lancé un site interactif PARCEL, pour répondre à ces questions. C'est un outil web permettant d’évaluer pour un territoire donné les surfaces agricoles nécessaires pour se nourrir localement.
Deux manières de fonctionner. Soit l'on part d'une surface. Imaginons un espace de la taille d'un terrain de foot, à Lyon. Je décide de manger bio à 100% avec un régime alimentaire réduisant de 25% la part des produits animaux. Je peux nourrir une personne avec ce qu'aura produit mon terrain de la taille d'un stade de foot. Il y aura 3% de légumes, 2% de fruits, 15 % de céréales et 79% de produits animaux. Mais je peux décider de privilégier les légumes et d'en produire 35% sur ce même espace : dans ce cas là je nourrirais 17 personnes en légumes, 5 en fruits, 2 en céréales et moins d'une personne en produit animal.
Autre option : je pars du nombre de personnes que je veux nourrir et de voir de combien de terres agricoles j'aurais besoin pour les nourrir, suivant la répartition. Et ces résultats je peux les partager à mon élu ou sur les réseaux sociaux etc. Une initiative intéressante à l'heure du numérique, et en faveur d'une alimentation plus saine pour tous. Pour en savoir plus, cliquez ici.
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