Et voici donc que les musées sont au cœur de quelques débats sur les photographies, c’est l’occasion pour nous de revenir sur ce mot, l’un des quelques mots au passage à afficher une forme féminine à la fin alors que c’est un mot masculin. Il va falloir le radiographier ce mot dont l’origine est assez facile à deviner.
Sitôt qu’on écoute le mot musée, on se retrouve en effet en pleine mythologie grecque, avec ces neuf personnes qui furent les filles de Zeus, alias Jupiter, et de Mnémosyne, neuf belles personnes présidant aux arts, Clio pour l’histoire, Euterpe pour la musique, Thalie pour la Comédie, Melpomène pour la tragédie, Terpsichore pour la danse, Érato pour la poésie lyrique, Polymnie pour les hymnes, Uranie pour l’Astronomie, Calliope pour la poésie épique, vous avez reconnu les muses.
Les musées sont effectivement des lieux privilégiés par et pour les muses. C’est au XIIIe siècle que le mot entre dans la langue française sous cette forme, tout droit issu bien sûr du museum, mot que l’on rencontre aussi fréquemment encore aujourd’hui.
Au Moyen Âge, évoquer le musée, c’est faire référence aux Anciens et à leurs académies, leurs collèges, où l’on cultivait les arts, et surtout la poésie. Vous l’avez sans doute remarqué, mais entre Thalie, pour la comédie, Melpomène, pour la tragédie, Erato pour la poésie lyrique, Polymnie pour les hymnes sacrées, Calliope pour la poésie épique, ce ne sont pas moins de cinq muses qui sont en somme consacrées à la littérature, c’est beaucoup…
D’où le premier sens du mot musée, très tourné vers la littérature. Mais au début du XVIIIe siècle, le musée devint le cabinet d’un homme de lettres, où il entrepose des choses, des livres précieux, puis dès 1746 est attesté le musée, ou museum, en tant que lieu de conservation et d’étude de collections artistiques et scientifiques, à la manière de Ptolémée à Alexandrie.
Enfin, en 1797, naît le Musée central des Arts, au Louvre, qui deviendra le Musée Napoléon, avant d’être Le Louvre internationalement célèbre. Le musée et les muses ont évidemment inspiré les verbicrucistes.
Eh bien choisissons le mot muse, qui devient défini par les verbicrucistes : "Pousse aux rimes"... Et puis il y a une citation un peu méchante tirée des Idées et Sensations des frères Goncourt, qui affirmaient que "ce qui entend le plus de bêtises dans le monde est peut-être un tableau de musée". En vérité, j’ai dû en dire pas mal de bêtises aussi devant un tableau de maître.
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