Il y a un peu plus de neuf ans, le 7 janvier 2015, la France redécouvrait avec effroi l’horreur du terrorisme qui frappait sur son territoire. Les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo étaient pris pour cible par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, terroristes radicalisés en France. Les attentats de Charlie Hebdo et de l’hypercacher relançaient l’épineuse question de la lutte contre la radicalisation.
Neuf ans après Charlie Hebdo, la lutte contre la radicalisation en France avance. Si les attaques d’Annecy ou d’Arras sont de mauvais exemples, l’ex-député des Hauts-de-Seine, Sébastien Pietrasanta estime que “beaucoup de choses ont été faites” dans la lutte contre la radicalisation. Aujourd’hui, les services de renseignement considèrent qu’il y a dix mille fiches actives, en matière d’Islam radical. C’est entre cinq mille et six mille de moins qu’en 2015-2016.
Les attentats de 2015, que ce soit Charlie Hebdo en janvier ou du Bataclan en novembre, ont orienté les pouvoirs publics vers plus de fermeté en matière de déradicalisation. Un an avant, en 2014, l’Etat mettait en place un numéro vert (0.800.005.696) pour alerter sur la radicalisation djihadistes d’un proche ou d’une connaissance. “Signaler une situation ne vous sera jamais reproché”, prévenaient, à l’époque, les autorités.
Les événements de 2015 ont permis aux gouvernements successifs de prendre de nouvelles mesures accentuant cette lutte. Si le numéro vert existe toujours, Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission d’enquête sur les moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme après les attentats de janvier 2015, se réjouit que de nouvelles politiques publiques aient été prises. S’il mentionne “la prévention de la lutte contre la radicalisation”, il accentue son propos sur “les moyens dont disposent les services de renseignement à la fois en termes d’augmentation des effectifs, mais aussi en termes de moyens financiers et techniques”.
La méthodologie aussi a évolué au sein des autorités compétentes. “Il y a un plus grand partage des renseignements entre les différents services français, mais aussi à l’échelle européenne et internationale”, admet l’ex-député des Hauts-de-Seine.
Si neuf ans après, Sébastien Pietrasanta tire un bilan positif de l’évolution de la lutte contre la radicalisation en France, il observe tout de même quelques zones d’ombre au tableau, “notamment en matière de prévention contre la radicalisation”.
L’évolution de la sémantique dit déjà quelque chose de la stratégie adoptée par la France. “Aujourd’hui, avoir des idées radicales n’est pas répréhensible. C’est la radicalisation qui l’est. C’est-à-dire passer à l’action violente. En cela, on ne parle plus de déradicalisation, mais de désengagement”, rappelle Sébastien Pietrasanta.
Désormais, la France doit répondre à un double enjeu. Pour Sébastien Pietrasanta, il faut à la fois, “repérer et suivre les personnes qui seraient passées sous les radars”, mais aussi et surtout “étoffer les effectifs des services de renseignement face au nombre de personnes radicalisées”.
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