Est-ce la fin de la crise à Notre-Dame-des-Landes ? La date du lundi 23 avril pourrait en effet marquer un tournant dans la lutte entre les zadistes et le gouvernement. Il s’agit en effet de la date limite pour déposer une demande de projet agricole ou artisanal, à la préfecture de Loire-Atlantique. Plus d’une quarantaine de dossiers auraient été déposés par les opposants au projet avorté d’aéroport.
Après quinze jours de violences entre zadistes et forces de l’ordre, le dépôt et l’examen apaisé de ces projets pourraient donc mettre un terme aux tensions, et permettre une reprise du dialogue entre l’État et les occupants de la ZAD. Un dialogue pourtant compliqué, comme en témoigne les nombreux heurts qui ont émaillé le bocage nantais, depuis le lancement du projet.
Alors que certaines voix s’élèvent pour critiquer l’attitude des opposants à Notre-Dame-des-Landes, d’autres ne manquent pas de noter la responsabilité des pouvoirs publics. Pour Eddy Fougier, politologue spécialiste des mouvements sociaux, le gouvernement a effectué dès le départ une erreur d’appréciation.
"Du côté du gouvernement, il y avait le sentiment que ces mouvements qui occupaient le site depuis une dizaine d’années, étaient simplement opposés au projet d’aéroport. Et qu’il suffisait d’abandonner ce projet pour que les zadistes partent d’eux-mêmes, avec l’idée de faire une sorte de tri sélectif entre les bons et les mauvais. Les mauvais, les plus violents, partiraient d’eux-mêmes, et les bons, on pourrait négocier sans vraiment le dire, et ils seraient régularisés et récupèreraient une partie des terres à condition de se soumettre à la règle définie par l’État" explique ce spécialiste des mouvements sociaux.
Il confirme l’incompréhension totale entre les projets de l’État, et ceux des zadistes. "Du côté zadistes, on parle effectivement une autre langue. D’un côté, s’opposer au projet d’aéroport. Mais aussi dans l’espace qu’ils vont qualifier de libéré, mettre en place une communauté alternative basé sur des principes décroissants, sur un mode d’organisation et de décision anarchiste, libertaire, afin de s’installer de façon durable" conclut Eddy Fougier.
Pour rappel, en 2015, les zadistes avaient imaginé de manière collective ce à quoi pourrait ressembler l’après abandon du projet. Ils avaient déjà à l’époque décidé de s’installer de façon durable et de gérer les terres de façon collective.
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