Après d’ultimes entretiens ces dernières semaine, le président de la République et le gouvernement ont tranché, refermant ainsi un dossier qui a embarassé plus d'une mandature sous la Vème République. Même si l'information avait fuité quelques minutes auparavant, c'est Edouard Philippe qui a prononcé l'enterrement de première classe pour Notre-Dame-des-Landes, durant un discours d'une quinzaine de minutes rappelant les motivations du gouvernement, pour abandonner un tel projet.
Pour les partisans du projet de nouvel aéroport en Loire-Atlantique, c'est l'amertume et la colère qui prédominent. Ces derniers y voient une véritable trahison de la part d'Emmanuel Macron, qui avait pourtant donné des signaux positifs pour la construction de l'aéroport, au début de son mandat.
A gauche comme à droite, on rappelle les centaines de décisions de justice favorables et la fameuse consultation du 26 juin 2016, qui donnait 55 % des personnes interrogées favorables au projet. L'un des défenseurs de Notre-Dame-des-Landes, Philippe Grosvallet, président du conseil départemental de Loire-Atlantique était tellement remonté qu’il a grillé la politesse républicaine en devançant les annonces du Premier ministre.
Pour les élus, comme les milieux économiques, l'Etat a cédé face aux zadistes installés depuis plusieurs années sur les 1600 hectares de la zone du projet. Beaucoup ont notamment estimé que l’Etat a eu peur d’un dérapage comme ce fut le cas à Sivens avec la mort d’un militant écologiste. Le sénateur écologiste Ronan Dantec estime de son côté que la décision sera de nature à apaiser les tensions sur la ZAD. Pour lui, ce renoncement est cohérent avec l’évolution de secteur aéroportuaire. Il plébiscite la rénovation de l'aéroport actuel.
Le fameux plan B évoqué par les trois médiateurs que le gouvernement avait mandaté l’an dernier pour évaluer les deux solutions. Un plan axé sur le réaménagement de l’actuel Nantes Atlantiques, sur le renforcement de Rennes et Brest, et sur le développement des liasons TGV avec les aéroports parisiens. Une stratégie à laquelle n'adhèrent pas les partisans de Notre-Dame-des-Landes.
Reste maintenant à faire les comptes. La question de l’indemnisation de Vinci, le promoteur de Notre-Dame-des-Landes, va évidemment se poser. Le préjudice est estimé à 350 millions d’euros. Une somme à laquelle il faut ajouter les coûts des nouvelles installations, qu'il va falloir chiffrer précisément.
L'autre enjeu de cet abandon du projet, c'est l'évacuation de la ZAD. Le Prmeier ministre a donné jusqu'au printemps aux militants, pour évacuer la zone, sous peine d'être expulsés. Dans cette Zone à Défendre, la nouvelle de l'abandon du projet a été bien accueillie par les militants. Pour autant, ils ne sont pas prêts à quitter la zone.
Notre-Dame-des-Landes va enfin marquer un tournant. Sur la question aéroportuaire tout d'abord et sur la gestion des grands projets. L’Etat officialise un nouveau modèle où seuls quelques grandes plateformes telles que Paris, Nice ou encore Lyon serontt en mesure de se développer en hub d’interconnexion. L’un des médiateurs, interrogé mercredi par RCF, a confirmé que Notre-Dame-des-Landes tel qu’il était imaginé ne collait pas avec la réalité d’un secteur aérien où les grandes plateformes sont déjà en place et difficiles à concurrencer.
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