Après quatre jours d’affrontements et la destruction de vingt-neuf installations, les opérations d'expulsions sont désormais terminées. L’annonce formelle et officielle devrait avoir lieu vendredi 13 avril à Nantes. La préfète des Pays-de-la-Loire devrait annoncer la reprise des négociations. Quant aux opérations de déblaiement de la ZAD, elles ont commencé hier.
Après l’abandon au mois de janvier du projet d’aéroport Notre Dame des Landes, la fin de la trêve hivernale il y a quelques jours, les forces de l’ordre ont entamé lundi dernier une opération d’envergure pour mettre fin à l’occupation illégale de la ZAD. Pas moins de 2 500 gendarmes ont été déployés sur les 1 650 ha de bocage pour en découdre avec les 250 irréductibles militants écologistes et anarchistes. Des personnes aux profils très divers.
Durant toute la semaine, la tension a été vive dans le bocage. Jets de projectiles, gaz lacrymogènes, de violents affrontements ont opposé zadistes et gendarmes. Pour Philippe Subra, spécialiste de géopolitique de l’aménagement du territoire et auteur de "Zones à défendre : de Sivens à Notre-Dames-des-Landes" aux éditions de l’Aube, si le gouvernement a plutôt bien mené la danse depuis mi-janvier, le plus dur restait à faire.
Une opération d’évacuation très délicate d’autant que les occupants du site la juge disproportionnée. Ils reprochent également à l’Etat un double jeu. Rappelons qu’après l’abandon du projet d’aéroport en janvier, un dialogue avait été entamé entre les opposants et les services de l’Etat sur le sort des terres de Notre-Dame-des-Landes.
Les zadistes plaidaient pour une gestion collective des 1 650 hectares de la zone à défendre, à l’image de ce qui a été fait dans le Larzac. Mais le gouvernement préfère l’idée de projets agricoles individuels sur ce site. Alors, lorsque lundi la préfète Nicole Klein a confirmé son intention de "démanteler 40 lieux de vie" sur les 97 construits depuis dix ans, certains zadistes se sont sentis trahis. C’est le cas de Vincent Delabouglisse qui refuse d'abandonner le territoire.
Le bras de fer se poursuit entre les forces de l’ordre et une poignée de zadistes. Et du côté de la majorité certains s’inquiètent de la tournure que prennent les évènements. Des voix se sont faites entendre au sein de la majorité présidentielle pour demander la suspension de l’opération d’évacuation. Certains craignaient que la situation ne dégénère. Mais pour le président de la République, pas question de changer de cap. Emmanuel Macron a réaffirmé jeudi 12 avril dernier sur TF1 la détermination de l’exécutif.
L’exécutif est déterminé à aller jusqu’au bout, à faire preuve de fermeté et à employer les grands moyens. Le déploiement de 2 500 gendarmes pour faire face à deux cent zadistes suscite depuis le début de la semaine de vives réactions. Les opposants jugent disproportionnés cette opération militaire d’envergure. Mais pour Karine Lejeune, la porte-parole de la gendarmerie nationale, cette présence des forces de l'ordre est justifiée vu l’étendue de la zone et la détermination de "l’adversaire".
Une présence militaire qui se justifie donc par la nécessité de surveiller les 1650 hectares de terrain, pour éviter les réinstallations et la création de nouveaux squats. Certains zadistes expulsés ont d’ailleurs déjà repris le chemin de la ZAD, et d'autres ont annoncé leur intention de rebâtir ce qui a été rasé.
Et pour que les projets perdurent sur le site de Notre-Dame-des-Landes, les zadistes devront montrer patte blanche à l’Etat. Leurs projets devront être individuels et légaux. Des discussions sont prévues dans les prochains jours entre la préfète de Loire Atlantique et les agriculteurs.
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