Simeng Wang est sociologue, et chargée de recherche au CNRS. Née en Chine en 1985, elle arrive à Paris en 2010 pour une thèse de sociologie sur les migrants chinois et leurs descendants en France. Simeng Wang a mené durant quatre ans une enquête ethnographique sur la communauté chinoise installée dans l’hexagone.
A l’occasion du nouvel an chinois, qui se déroulera vendredi 16 février prochain, de nombreuses manifestations sont attendues à Paris. Une fête certes très importante en Chine, mais que l’immigration chinoise en France n’oublie pas de célébrer elle-aussi. "Le nouvel an chinois reste toujours une tradition très importante, une fête traditionnelle dans tout le pays. Il s’agit d’abord d’un moment familial. À Paris, il y a toujours un peu de nouveauté et de renouvellement des traditions" explique Simeng Wang.
En France, l’attachement à la culture populaire reste encore très fort au sein de la communauté chinoise. "Ce sont des liens culturels, cela se recompose en fonction des générations. Les primo-arrivants n’ont pas la même distance avec la culture que la nouvelle génération, des Français d’origine chinoise" ajoute Simeng Wang.
Beaucoup de poncifs collent à la communauté chinoise en France. Dans son travail de recherche, Simeng Wang a voulu montrer la diversité de cette communauté, composée à la fois de migrants politiques, de migrants économiques, et de nombreux étudiants. "À Paris lorsqu’on parle des Chinois, on évoque souvent les commerçants ou les prostituées, mais il y a au sein de cette communauté d’autres catégories sociales qu’on ne connaît pas encore très bien, comme les intellectuels venus pour des raisons politiques, mais aussi des jeunes Chinois qualifiés venus pour les études supérieures, et qui ont décidé de rester en France" précise cette spécialiste de la communauté chinoise.
Aujourd’hui encore, l’immigration chinoise se poursuit en France. Mais l’immigration clandestine a tendance à décroître. "Depuis dix ans, il y a de moins en moins de migrants clandestins qui viennent, de moins en moins de migrants chinois sans qualification qui décident de venir en France sans raison économique" précise encore Simeng Wang, qui ajoute qu’avec l’essor économique de la Chine, et les souffrances que peuvent entraîner un départ à l’étranger, le nombre de ces immigrés diminue.
A noter que la Chine n’admet toujours pas la double-nationalité, aussi les jeunes migrants qualifiés qui arrivent toujours en France restent chinois. "Ils ne se considèrent pas comme Français, alors que lorsque vous parlez des Français d’origine chinoise, pour eux, avec l’émergence de la Chine, leur regard sur leur pays d’origine change. De plus en plus de cours de mandarin sont enseignés à Paris. Ils ont compris que la Chine, leur origine chinoise, et leurs liens établis avec cette société, sont davantage bénéfiques pour leur carrière professionnelle, mais également sur le plan culturel" conclut Simeng Wang.
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