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Numérique: pour Olivier Tesquet, "il est urgent de ne plus être seul face à la machine"

Un article rédigé par Antoine Bellier - RCF,  - Modifié le 19 février 2020
C’est une révolution comparable à celle de la révolution industrielle. Le numérique modifie notre quotidien en profondeur, avec malheureusement des risques de manipulation.
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Le numérique, menace pour la démocratie ?

Cela fait plusieurs années que le journaliste Olivier Tesquet mène l’enquête sur ce qu’il appelle ces "nouveaux territoires de la surveillance". Une enquête qui prend la forme d’un livre, publié récemment. "A la trace", publié aux éditions Premier Parallèle. Et l’actualité la plus récente, en matière d’usage numérique, c’est bien entendu l’affaire Griveaux. Le numérique, menace pour la démocratie ? Le journaliste a un avis bien particulier sur cette affaire.

"Ce que je trouve particulièrement inquiétant, ce sont tous les politiques et les éditorialistes qui nous rebattent les oreilles depuis ce week-end en nous disant qu’il faut mettre fin à l’anonymat en ligne, endiguer le torrent de boue qui se déchaîne sur les réseaux sociaux. Car en l’occurrence, sur l’affaire Griveaux, on a une chaîne assez identifiée. Quelqu’un qui revendique un geste, des relais médiatiques identifiés, deux personnes en garde à vue. Je remarque que la justice va d’ailleurs plutôt vite" explique Olivier Tesquet.
 

"La moindre de nos informations devient un signal informatique exploitable"

Les géants du Net, les fameux GAFA, prônent les interactions, le fait de se rencontrer, les rapports humains. Et en même temps, il existe chez eux une réelle opacité. Un paradoxe assez ancien pour Olivier Tesquet. "Dans les années 90, Bill Gates nous expliquait qu’il fallait l’économie sans friction, l’économie où les dispositifs disparaissent, deviennent invisibles. De la même façon, Mark Zuckerberg nous promet depuis dix ans qu’il veut simplement connecter le monde. Le paradoxe pour nous, c’est que la moindre de nos informations devient un signal informatique exploitable" analyse-t-il.

Pour le journaliste, la question du désir est fondamentale. Personne ne nous oblige à installer un compte Facebook, un compte Instagram sur nos téléphones. On trouve cela très pratique. Il s’agit de services, qui facilitent notre vie, qui nous relient avec les autres. "Et dans le même temps on se sent très seul et démuni face à la machine. […] C’est un pacte faustien qu’on nous propose. Si c’est gratuit, c’est nous la matière première, qui va permettre aux plateformes de dégager des marges financières assez confortables. Il ne faut pas oublier que Google ou Facebook, sont avant tout des régies publicitaires" lance Olivier Tesquet.
 

Un combat face à la machine

L’idée aujourd’hui est de savoir si l’on est maître de la technique. "C’est l’histoire de l’œuf et de la poule. Quand on a un téléphone entre les mains, on se sent très puissant. On a accès à un tas d’information du bout des doigts. Est-on en maîtrise, ou est-on dépossédé ? Qui de notre double numérique mène la danse ? Est-ce que demain notre place dans la société sera liée à notre véritable identité ou à la représentation informatique qu’on aura de nous ?" s’interroge l’auteur de "A la trace".

"Il est assez urgent de ne plus être seul dans cet espèce de combat face à la machine. Plus on est seul, plus on est isolé face à l’outil, et plus on se sent démuni" plaide Olivier Tesquet. Pour le journaliste, le défi actuel "est de faire en sorte que la marche en avant irrépressible du progrès technologique puisse se faire avec notre consentement".

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