Ce mardi 21 août marque le 100ème jour de grève de la faim de l’opposant ukrainien, Oleg Sentsov. Le cinéaste est emprisonné depuis 2015 en Russie, dans le nord de la Sibérie, officiellement pour "terrorisme" et "trafic d’armes". Après trois mois de jeûne, l’état de santé d’Oleg Sentsov est très préoccupant et jusqu’ici, les autorités russes, Vladimir Poutine en tête, sont restées sourdes à ces appels venus du monde entier des milieux politiques mais aussi culturels.
"Les accusations des autorités russes contre Oleg Sentsov sont dénuées de tout fondement. Son procès a été un procès purement politique sur la base d’accusations fabriquée. Il faut par ailleurs rappeler qu’il a été condamné par un tribunal militaire, ce qui veut dire beaucoup de choses. Sur le fond, Oleg Sentsov est un réalisateur ukrainien qui vit en Crimée, qui est connu pour s’être opposé à l’annexion de la Crimée par la Russie. Or, pour les autorités russes, tout ce qui touche à la Crimée est particulièrement sensible. En prenant position, ce qu’il a droit de faire, Oleg Sentsov a pris des risques qu’il connaissait. Les véritables raisons de cette condamnation tout à fait inique, sont des raisons politiques" explique Francis Perrin, le vice-président d’Amnesty International France.
Depuis cent jours, le cinéaste observe une grève de la faim. "Oleg Sentsov, qui a été jugé dans des conditions inéquitables, et qui a été condamné à une prison injustifiée, ne fait pas seulement une grève de la faim pour sa propre situation. Il demande aux autorités russes de libérer l’ensemble des Ukrainiens qui ont été condamnés pour des raisons politiques. On ne dispose pas d’un chiffre précis. Ceci démontre bien sa détermination, sa volonté, son courage" ajoute Francis Perrin.
Sa famille a cependant indiqué qu’Oleg Sentsov perdait espoir, et ne croyait plus à une libération. "On ne sait pas quelles sont les conditions de détention d’Oleg Sentsov dans cette colonie pénitentiaire, dans l’Arctique russe, à 5.000 kilomètres de chez lui. A ce jour, les autorités russes n’ont pas envoyé de signaux positifs à Oleg Sentsov et à sa famille, ou bien à des ONG qui le défendent. On comprend très bien qu’Oleg Sentsov ait le sentiment d’être arrivé au bout de ses forces, et qu’il soit découragé par l’inertie du pouvoir russe, au plus haut niveau" précise-t-il.
Depuis des semaines, les milieux culturels comme des chefs d’Etat à l’image d’Emmanuel Macron ou Angela Merkel prient Vladimir Poutine d’accorder sa grâce. "Le refus de la Russie de faire le moindre geste positif dans cette affaire s’explique par le fait qu’Oleg Sentsov a commis un blasphème au sens politique. Il a pris des positions contre ce que fait la Russie en Crimée. La situation en Crimée est une base politique délicate à Moscou. Avoir une personne qui de façon frontale utilise son droit de liberté d’expression pour critiquer cette politique de la Fédération de Russie est certainement quelque chose qui apparaît insupportable pour les autorités russes, au plus haut niveau" conclut le vice-président Amnesty International France.
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