Le 18 avril, le Conseil de sécurité de l'ONU a rejeté la demande des Palestiniens de devenir un État membre à part entière des Nations unies. Une demande qui avait peu de chance d’aboutir à cause du véto des Etats-Unis.
L'issue du vote était prévisible. Le 18 avril à l'ONU, Washington a utilisé son droit de veto pour bloquer la demande d’intégration de la Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies.
La demande côté Palestiniens avait été relancée au début du mois. Depuis 2012, la Palestine a un statut d’observateur. “C’est un statut qui permet une semi-existence au sein des Nations-Unies”, explique Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Si les “observateurs” ont le droit d’assister à la plupart des réunions et d’en consulter la documentation, ils n’ont pas le droit de voter ou de proposer des résolutions.
Le 18 avril, les Etats-Unis ont tout fait pour retarder le vote, avant de recourir à leur droit de veto. Dans un communiqué, l’Autorité palestinienne a immédiatement dénoncé une "agression flagrante contre le droit international" et “un encouragement à la poursuite de la guerre génocidaire contre notre peuple”.
“Sur la Palestine, les Etats-Unis suivent la position israélienne. Même s'ils ont pris quelques distances par rapport à ce qui se passe à Gaza, il s’agit pour l'instant de distances purement verbales et les américain continuent à soutenir militairement et économiquement Israël”, abonde l'expert en relations internationales.
Pour accéder au statut de membre des Nations unies, il faut un vote de l'Assemblée générale de l'ONU avec une majorité des deux tiers. Actuellement d’après l'Autorité palestinienne, 137 Etats membres de l'ONU reconnaissent de façon unilatérale un Etat palestinien. L'ONU comptant 193 membres, en théorie la demande d’adhésion de la Palestine aurait donc pu être acceptée par l'Assemblée générale de l'ONU.
“Or quelque soit la majorité de votes à l’Assemblée générale, il faut ensuite une admission par le conseil de sécurité de l’ONU, donc le véto américain empêche la Palestine de devenir un membre plein et entier”, poursuit Pascal Boniface.
Si Israël a toujours été opposé à l’adhésion de la Palestine, le contexte actuel rend d’autant plus impossible une inflexion de sa position.
“Cela rendrait l’occupation des territoires palestiniens encore moins légitime et légal”, abonde Pascal Boniface.
D’autant que derrière cette reconnaissance de l'ONU, il y a la volonté d’une solution à deux Etats. Une option à nouveau explicitement rejetée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou depuis les attaques du 7 octobre.
Alors, pourquoi les Palestiniens font-ils de cette adhésion une priorité ? Pour le directeur de l'IRIS, il s’agit d’une stratégie diplomatique avant tout. "Dans la mesure où il n'y a toujours pas de perspective de négociation pour la reconnaissance de l’Etat palestinien, ils essaient de pousser la voie diplomatique multilatérale pour se faire reconnaitre sur la scène internationale”.
Dans le contexte de la guerre dans la bande de Gaza, l'autorité palestinienne cherche à mobiliser la communauté internationale. La Palestine a notamment reçu le soutien de la Russie, de la Chie, et de l'Organisation de la coopération islamique - qui compte 57 Etats.
Les enjeux ne sont pas que géopolitiques. Si le soutien inconditionnel à Israël est une source de l’impopularité américaine dans le monde et notamment dans le monde arabe, il a également des conséquences sur le plan de la politique intérieure aux Etats-Unis.
“L’establishment américain est très lié à Israël mais cette position est compliquée pour Joe Biden. Il commence à voir émerger une jeunesse démocrate de plus en plus sensible à la cause palestinienne et qui mettent la pression sur ce sujet. Il y a un risque que Joe Biden perde l'élection du fait de l’abstention de nombreux jeunes démocrates”, décrypte Pascal Boniface.
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