Le confinement va donc se prolonger en France de quelques semaines sur fond d’accélération de l’épidémie de coronavirus.
Prolongation logique compte tenu de la pression exercée sur le personnel médical, la montée des craintes devant la possibilité d’un scenario à l’italienne se déployant en France. Il n’y avait pas d’alternative et cette décision s’accompagne d’un durcissement des règles annoncé lundi par Edouard Philippe. Mais le conseil d’Etat, consulté, avait en revanche rejeté l’hypothèse d’un confinement total, faute de moyens suffisants de l’administration afin d’assurer les services de première nécessité.
Ces bouleversements de notre vie collective, tout à fait inédits, font toujours l’objet d’un large consensus chez les Français qui les acceptent comme un mal indispensable. Sauf les 90 000 personnes sanctionnées pour un non-respect des restrictions… Mais derrière la belle façade de cette union et des manifestations spectaculaires de solidarité avec les personnels soignants commencent à s’élever quelques doutes sur la gestion de la crise. Il y a le manque de masques, de matériel respiratoire, la faiblesse des tests…et aussi tous les procès tordus faits à l’exécutif çà et là et notamment sur les réseaux sociaux.
Ces doutes méthodologiques – il n’y aucune raison de mettre un terme aux questionnement utiles en temps de crise – devraient être renvoyés à la sortie de crise quand il sera temps de solder les comptes. Même si certains avis pointent des insuffisances des pouvoirs publics et peuvent éventuellement servir ainsi d’aiguillons, leur formulation, appuyée sur une réelle expertise, doit être prudente pour éviter d’ajouter de la confusion ou d’encourager d’éventuelles pratiques déviantes. Il n’y a pas en France 66 millions d’experts de la gestion de crise. Postulons ici que le gouvernement est à l’action et qu’il tente de faire de son mieux…
Si notre vigilance doit s’exercer, en bonne logique, elle devrait porter, à travers l’action du Parlement et des juridictions administratives, sur le contrôle des pouvoirs d’exception conférés au gouvernement. Ils doivent être limités à la seule crise du coronavirus et appuyés sur des expertises scientifiques rendues publiques. On connaît la forte propension des pouvoirs à installer l’urgence dans le droit commun.
Lord Acton, un libéral anglais l’avait dit nettement au XIXe siècle : « Il n’y a pas plus de rapport entre la liberté et le pouvoir qu’entre l’éternité et le temps ». Formule poétique pour dire que « La liberté est la règle, les restrictions l’exception ».
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