5 mai 1949. Le Conseil de l’Europe est fondé par le traité de Londres. Son objectif : promouvoir les droits de l’homme au sortir de la guerre. Aujourd’hui, quelle réalité derrière cette institution ? Rencontre avec Pap Ndiaye, ancien ministre de l'Éducation nationale et de la jeunesse, aujourd’hui représentant de la France auprès du Conseil de l'Europe.
RCF Alsace : Quel est votre rôle en tant qu’ambassadeur de la France auprès du Conseil de l’Europe ?
Pap Ndiaye : Le Conseil de l'Europe est formé de 46 pays qui envoient à Strasbourg un représentant permanent. Ils expriment le point de vue de leurs gouvernements sur les questions dont nous traitons. Le Conseil de l'Europe s'occupe des questions de droits de l'homme, de démocratie et d'État de droit. Et donc les gouvernements s'expriment sur le sujet. Il s'agit, par exemple, de travailler sur une future convention ou de regarder la situation des droits de l'homme dans tel ou tel pays.
RCF Alsace : On pourrait penser que ces droits fondamentaux sont des droits anciens qui ne bougent pas trop. Est-ce le cas ?
Pap Ndiaye : La Convention européenne des droits de l'homme, qui est notre charte fondamentale, a été mise sur pied et signée en 1950. En 1950, notre compréhension des droits de l'homme était un peu différente de ce qu'elle est aujourd'hui. Par exemple, la question de l'égalité entre les femmes et les hommes. En 1950, elle ne se posait pas du tout de la même manière. On peut incorporer les questions relatives à l'environnement dans la Convention européenne des droits de l'homme. Ça va l'être, c'est en discussion. La question de la peine de mort. En 1950, beaucoup de pays, y compris la France d'ailleurs, pratiquaient la peine de mort. Aujourd'hui, la peine de mort est interdite dans les pays membres du Conseil de l'Europe. C'est pour cela que la Biélorussie ne fait pas partie du Conseil de l'Europe. Donc les choses évoluent avec le temps, avec des nouveaux droits qui sont incorporés progressivement. Les droits de l'homme, ce n'est pas une ligne d'arrivée, c'est un chemin qui nous fait progresser vers plus d'égalité, plus de considération, plus de respect aussi pour celles et ceux qui, par exemple, sont dans des situations de marginalité, des situations minoritaires. Et cette sensibilité là, elle n'existait pas au moment de la création du Conseil de l'Europe, en tout cas pas de la même manière.
RCF Alsace : 75 ans d'existence… On l’a dit fragilisé, on l’a dit en déclin face aux défis du monde. Comment est-ce que vous envisagez l'avenir du Conseil de l'Europe?
Pap Ndiaye : L'avenir, il sera celui que nous, collectivement, déciderons qu'il soit. C'est à dire que le Conseil de l'Europe peut être au cœur de ce qui va se passer avec l'élargissement de l'Union européenne, avec la reconstruction de l'Ukraine, avec la fin, un jour ça arrivera, de la dictature poutinienne en Russie et de ce qui suivra en Russie, parce que la démocratie finira bien par revenir aussi en Russie. Ce sont des questions essentielles qui se posent au monde et nous avons besoin d'une grande organisation indépendante qui fixe des principes de droit, des principes éthiques. Pour servir de boussole pour le futur.
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