L'assemblée des évêques d'automne à Lourdes se tenait du 4 au 9 novembre. Au programme : des thèmes d'échanges très larges. « En ce vendredi (4 novembre), nous avons parlé beaucoup d'actualité, de toutes les questions qui préoccupent les évêques. C'était une journée extrêmement riche. Nous avons abordé aussi les vocations, l'évolution de la mission dans les différents milieux notamment ouvrier ou dans le monde rural sous forme d'enseignements ou de partages entre évêques. On ne suscite pas des vocations facilement, l'important, c'est de voir comment on peut être ou non appelant, quelle est la place de l'évêque dans cet appel aux vocations, comment les communautés chrétiennes prennent en compte cette question. Quand on parle de vocations, on entend derrière de permettre aux jeunes et aux moins jeunes de savoir pourquoi ils sont faits. Bien sûr, on parle de la vocation au mariage, mais il peut y avoir des vocations plus spécifiques, la vie religieuse ou le ministère ordonné. Cette question doit revenir très régulièrement selon moi parce que les temps changent. Il faut donc peut-être ajuster notre manière de proposer pas simplement la foi, mais des voies d'épanouissement en suscitant chacun pour qu'il trouve, en lui-même, ce pour quoi il est fait. C'est vraiment permettre à chaque personne de trouver et donc de discerner ce pourquoi elle est faite ».
Cette assemblée des évêques permet de réaffirmer certaines réalités. « Les chrétiens sont bien dans le monde et n'essaient pas de s'exclure du monde. Le texte qui est sorti sur la vie politique porte sur la façon dont les chrétiens s'impliquent dans la vie politique. Cette dimension fait aussi partie de leur mission. Servir ses frères dans un service politique peut être une réelle vocation. Le chrétien ne peut pas se désengager de la vie de la société. Il doit à la fois s'informer, prendre sa place, s'impliquer, s'engager y compris dans un vote puisque nous sommes déjà dans une période électorale. C'est important que les chrétiens prennent cette place », affirme Mgr Gosselin.
« Soutenir l'Eglise dans sa mission de proclamation de la paix et de l'Evangile »
Cette assemblée des évêques était rythmée par d'autres sujets de réflexion et d'échanges. « Ce qui va nous intéresser pendant ces journées, c'est la place de la religion dans la société et un questionnement. Le fait religieux doit-il être complètement relégué dans la vie privée ? Auquel cas, la société n'a pas à s'en mêler et les religions doivent rester en marge. Ou le fait même religieux est-il partie prenante de la vie de la société et du lien social ? La place du religieux dans la société est-elle déterminante ? Dans ce cadre-là, il y a aussi le lien que nous pouvons avoir avec des frères d'autres confessions chrétiennes, c'est l'oecuménisme, et dans le dialogue interreligieux avec nos frères musulmans, juifs... C'est vraiment très important de pouvoir cultiver cette culture de la rencontre, du dialogue et de faire en sorte que nous participions à un bon climat social de respect des uns des autres et de respect aussi de la liberté de conscience de chacun ».
Tout récemment, Mgr Gosselin a rédigé une lettre sur la situation économique et financière du diocèse. Elle s'adresse largement aux chrétiens et aux donateurs de l'Eglise en Charente. « On parlait de cette incarnation dans le fait politique ou la vie sociale, il y aussi en interne, dans la vie de l'Eglise, tout ce qui concerne l'incarnation même. Il faut également savoir faire un bilan, savoir faire des budgets prévisionnels, savoir là où on en est. Un diagnostic a donc été fait pour le diocèse d'Angoulême. Je me suis permis d'envoyer une lettre à chacun. Tous les donateurs et tous les chrétiens ont dû la recevoir dans leur paroisse autour du 1er novembre. Elle est destinée à tous ceux de bonne volonté qui ont envie de soutenir l'Eglise dans sa mission de proclamation de la paix et de l'Evangile. Je l'ai écrite pour que nous soyons conscients des difficultés et que nous avancions ensemble. Il s'agit d'une voie qui ne peut passer que par des économies et par un appel aux dons qui consiste d'abord à inviter les chrétiens à être responsables, par exemple, lorsque l'on participe à la messe le dimanche. C'est normal qu'on participe aussi aux frais d'un établissement, d'un bâtiment, de salles paroissiales. Il y a en effet des frais qui sont inhérents à toute vie normale », rappelle l'évêque.
« C'est une question de justice que de payer normalement ce qui est lié à notre activité et d'inciter ceux qui peuvent un peu plus à être généreux pour nous permettre de sortir un peu du rouge. Ce ne sont pas les dépenses qui doivent mener la vie du diocèse, mais nous ne pouvons pas faire fi de cette dimension économique. Si nous voulons avoir des projets pastoraux, il faut bien aussi que nous ayons des réserves devant nous pour nous le permettre. Mon idée, évidemment, c'est bien d'avoir des projets pastoraux qui puissent être pris en charge par des ressources. Aujourd'hui difficile de faire des projets puisque la trésorerie manque, donc cette lettre représente bien un appel aux dons pour que les chrétiens prennent leurs responsabilités, un appel à la générosité. Je pense qu'il y a une dimension tout à fait spirituelle pour permettre que l'Eglise de Charente vive. C'est faire l'Evangile aussi. Il faut évangéliser tous nos comportements et évangéliser aussi notre argent de telle manière que, par notre argent, nous puissions faire la volonté de Dieu ».
« Qu'on puisse avoir encore plus de fécondité pastorale »
A travers cette lettre, Mgr Gosselin souhaite être concret. « Je donne quelques idées pour pouvoir retrouver ce sens-même du denier du culte, pour retrouver le sens d'une intention de messe, il n'est pas question d'acheter une messe mais, en même temps, on peut donner une intention et il y a une dimension de partage car c'est ainsi que nous pouvons faire vivre l'Eglise, les paroisses. Cette action ne se limite pas uniquement aux bâtiments, mais s'exprime aussi dans l'aspect humain : traitement des prêtres, accompagnement des prêtres âgés, formation des séminaristes, formation des laïcs en responsabilité pastorale, tout est lié. On a fait un diagnostic financier, mais on pourrait faire un diagnostic de la vitalité de l'Eglise à partir de ses finances également. C'est important, j'ai envoyé une lettre et je souhaite qu'elle soit énormément suivie et efficace pour qu'on puisse avoir encore plus de fécondité pastorale », insiste l'évêque.
L'Eglise de Charente vit des difficultés. Elle ne peut pas continuer à vivre ainsi. Si les dépenses continuent de cette manière-là sans que les ressources n'augmentent, on peut penser que, dans les années à venir, il puisse y avoir des grandes difficultés. C'est ce que nous disent les experts. Nous nous trouvons donc dans période, juste avant les grandes difficultés, pour pouvoir redresser un peu la barre. C'est ce que je souhaite et c'est pour cette raison que je tire la sonnette d'alarme en disant : ce n'est pas la peine d'attendre d'être dans le mur... Je précise qu'il n'y a pas d'erreur de gestion, de dépenses inconsidérées, mais les temps sont difficiles. Il suffit de regarder les collectivités locales ou l’État. L'Eglise est dans le monde et nous avons ces difficultés-là. J'invite chacun à prendre ses responsabilités, à faire les choix qu'il a à faire avec ce dont il dispose pour partager. Il n'y a pas de petit ou de grand don, mais il faut que chacun fasse ce qu'il pense en conscience être bon pour pouvoir permettre à l'Eglise de Charente de continuer sa mission », conclut Mgr Gosselin.
Erica Walter
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