Les autorités israéliennes avaient installé ces détecteurs à la suite de l’assassinat, le 14 juillet dernier, de deux policiers par trois Arabes israéliens. Les Palestiniens ont interprété cette mesure comme le signe d’une intention des Israéliens de renforcer leur emprise sur le site.
"La pression internationale et la crise avec la Jordanie ont poussé Israël à retirer ces portiques. Cette crise devenait très grave pour Benyamin Netanyahou. Israël a cédé sur ce point de fixation qu’étaient les portiques pour essayer de faire tomber la pression qui commençait à grimper de façon extrêmement forte autour d’elle" explique Pascal Boniface, directeur et fondateur de l’Institut de relations Internationales et stratégiques (IRIS). Rappelons que la Jordanie est le gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem.
"Il y a eu une crise. Le ton est monté très vite avec la Jordanie qui est pourtant l’un des seuls pays arabes à avoir signé avec l’Egypte un accord de paix avec Israël. Ce geste d’Israël au moment où le pays se rapprochait de certaines monarchies sunnites du Golfe était aussi problématique dans cette tentative de rapprochement diplomatique" ajoute Pascal Boniface.
Israël et la Jordanie coopèrent du point de vue de la sécurité dans la région. Pascal Boniface précise cependant que le roi ne peut pas afficher de trop près sa proximité avec Israël car il y aurait alors un problème très fort d’opinion publique en Jordanie mais on peut dire que les deux pays sont très proches, comme l’Egypte d’ailleurs. Cela dit, la clé de ces rapprochements avec Israël, ce sont les bonnes grâces du pouvoirs américain.
Pourtant, le Conseil de Sécurité de l’ONU s’était réuni lundi pour essayer de trouver une sortie à cette crise. "On sait très bien que les décisions et les résolutions de l’ONU dans le conflit israélo-palestinien ne sont jamais respectées. Régulièrement, on a le même schéma. Il y a des violences, des pressions internationales, Israël en tient compte jusqu’à la nouvelle crise" analyse Pascal Boniface.
Ce spécialiste des relations internationales ajoute que l’ONU reste impuissante à résoudre le conflit israélo-palestinien du fait du droit de veto américain. En effet, les Etats-Unis ont toujours eu à cœur de défendre et de protéger Israël. Et même si les Etats-Unis ne faisaient pas partie des pays qui ont réclamé lundi une réunion en urgence à l’ONU, il y a fort à parier que si une décision avait été prise, les Etats-Unis auraient exercé leur droit de veto.
Paradoxalement, sans droit de veto, l’ONU n’existerait pas. L’ONU est imparfaite, mais cette organisation a le mérite d’exister. "Le monde n’irait pas mieux sans l’ONU. Ce n’est pas le gendarme du monde dont on avait rêvé en 1945, mais il vaut mieux que l’ONU existe, plutôt que l’inverse" précise Pascal Boniface, qui voit avec ce veto américain un parallèle au veto russe sur la question syrienne.
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