Lorsque j’étais jeune, avant-hier, j’ai souvent glissé sur la glace qui se formait sur un affluent canalisé de l’Allier C’était en un temps où parfois dans le Bourbonnais il pouvait faire moins vingt. Mais je n’avais pas de patin et bien sûr voir danser à la télévision les patineuses et patineurs m’impressionnait. Et je fus surpris plus tard de constater que les frères Goncourt y étaient sensibles…
Mais pour être précis, c’est plutôt à travers une analyse comparative entre une danse très en vogue au XIXe siècle et le patinage que surgit cet intérêt. Mais le mieux est que je vous lise le passage qui est donc extrait de leur Journal daté de 1892 : « Les peuples, écrivent-ils, qui sont joliment valseurs sont les peuples où le patinage est une habitude. Les Françaises valsent le corps tout droit, tandis que les Hollandaises et les autres femmes des pays de patinage valsent avec ce penchement, cette courbe en dehors d’un corps courant sur la glace ».
Donc pour bien valser il vaudrait mieux habiter au nord de l’Europe… En réalité, il n’y avait pas très longtemps que le mot « patinage » était entré en français, on atteste en effet de sa présence dans le Journal des modes du 31 janvier 1829. Mais en revanche le verbe patiner existait déjà depuis le XVIIIe et le mot même de patin est encore plus ancien puisqu’il existe depuis le XIIIe siècle.
Pourquoi ce décalage entre le mot patin et le fait de patiner ? Tout simplement parce qu’à l’origine un patin n’est qu’une « chaussure à semelle épaisse » qui permet d’être « haut sur pattes ». Et là vous venez de percevoir l’origine du mot patin : la « patte » et dans le fond quand on prend conscience de cette origine, cela rend presque drôle le verbe patiner. Surtout que par ailleurs, qu’au XVe siècle, le patin s’assimilait à une sorte de galoche munie de clous pour justement ne pas glisser sur la glace ! Mais ce furent très vite aussi des chaussures munies de ferrures pour bien glisser sur ladite glace.
Et puis il y a eu les patinoires qui datent de 1890, mais au départ c’était « un » patinoir, passant au féminin en 1898. Et là, sur ces patinoires, eh bien pour faire plaisir au Goncourt, on peut danser la valse. Vous m’accorderez bien une valse, Stéphanie, mais la courtoisie m’oblige à signaler que je marche souvent sur les pieds de ma cavalière… Bon, glissons…
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