C’est la première fois que la chancelière allemande mettait les pieds au fort de Brégançon. Jeudi 20 août, Angela Merkel a été reçue par Emmanuel Macron, pour faire le point sur plusieurs dossiers brûlants : les tensions en Méditerranée orientale, le Mali, la Libye, le coronavirus ou encore le Brexit. L’occasion, aussi, pour les deux dirigeants européens de réaffirmer leur entente, depuis l’adoption du plan de relance de 750 milliards d’euros, en juillet. Un accord sans doute déterminant pour le couple franco-allemand : "Au début, ce duo ne fonctionnait pas très bien", rappelle Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa), à l’Institut Français des relations internationales (Ifri).
En 2017, Emmanuel Macron "avait fait de l’Europe son principal thème de politique étrangère, en promettant de la construire avec Angela Merkel", se souvient Paul Maurice. Mais après son élection, "le souffle est retombé", raconte le chercheur. "Les Allemands l’ont jugé trop volontariste en prenant des décisions sans l’Allemagne, et Angela Merkel a été mise en danger lors des élections fédérales."
Ensuite, en mars 2019, le président de la République a tenté, une première fois, de lancer une initiative sur la mutualisation de la dette européenne, ce qui avait alors été "mal reçu en Allemagne", précise Paul Maurice. Cela avait conduit "à une opposition assez véhémente entre les deux pays".
Finalement, c’est au début du mois d’avril 2020 que les premiers compromis vont se dessiner, et qu’Emmanuel Macron va réussir à "convaincre Angela Merkel que l’Europe doit arriver à une mutualisation des dettes et que le groupe franco-allemand doit en être le porteur", retrace le chercheur à l’Ifri.
Les négociations aboutiront finalement à ce plan de relance de 750 milliards d’euros, véritable victoire pour le couple Macron-Merkel. A tel point d’en faire le couple franco-allemand "le plus intéressant", selon Paul Maurice, parmi les quatre présidents de la République avec lesquels la chancelière a travaillés.
Malgré tout, des désaccords demeurent, notamment vis-à-vis de la Turquie. Récemment, Ankara a envoyé un navire de recherche sismique dans une zone revendiquée par la Grèce et considérée riche en gisements d’hydrocarbures. En guise de soutien à Athènes, la France a donc déployé deux Rafale et deux navires de guerre.
"La démonstration de force militaire faite par Emmanuel Macron n’a entraîné qu’une réaction assez modéré des Allemands, qui se posent plutôt comme des médiateurs entre la Grèce et la Turquie", analyse le chercheur de l’Ifri. Il observe malgré tout "les points des convergences" affichés par les deux dirigeants européens, lors de leur rencontre à Brégançon. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont effectivement rappelé qu’ils partageaient le même objectif de "souveraineté européenne" et de "stabilité", en Méditerranée orientale.
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