Depuis mardi, l'Université pontificale grégorienne accueille des responsables d'organisations internationales, des psychologues, des médiecins, des sociologues mais aussi des dirigeants d'entreprises du web pour réfléchir à la question du harcèlement sexuel sur Internet. Vendredi 6 octobre, ils doivent remettre au pape François une série de propositions. Ce même jour, la chaîne KTO diffuse son premier documentaire intégralement autoproduit, le témoignage d'une ancienne victime de pédophilie dans l'Église, Daniel Pittet. Il est l'auteur en février 2017 de "Mon Père, je vous pardonne" (éd. Philippe Rey).
Ces derniers temps, un certain nombres d’affaires mettant en cause des prêtres ont émaillé l’actualité, en France et dans le monde. Des victimes osent enfin parler de leur calvaire. Le 17 décembre 2015, des victimes d'actes pédophiles au sein du Groupe Saint-Luc, près de Lyon, ont fondé La Parole libéré. "En 2014, témoigne l'un de ses fondateurs Alexandre Hezez, quand j'ai commencé à faire des démarches, je me suis rendu compte que de nombreuses victimes étaient réduites au silence, et que potentiellement il y en avait d'autres."
Autant de témoignages qui forcent les responsables d'Église à prendre position et à reconnaître les fautes de leur brebis galeuses. Et à s’engager activement dans la lutte contre la pédophilie. La Conférence des évêques de France a lancé le site internet "Lutter contre la pédophilie".
Si certains crient leur colère, beaucoup osent à peine témoigner de leur souffrance. N'oublions pas que les victimes de pédophilie sont doublement victimes: des crimes de leur abuseurs et aussi du silence, voir du déni, parfois, de l'institution ecclésiale. Il faudra du temps pour que la voix de l’Église sonne à nouveau juste auprès de ces personnes dont l’enfance a été abîmée par un religieux. Dans "Histoire d'un silence" (éd. Seuil), par exemple, Isabelle de Gaulmyn évoque par exemple une victime qui refuse d'en dire plus.
Vendredi à 20h40, KTO diffuse "Mon père je vous pardonne", le témoignage de Daniel Pittet, violé pendant quatre ans, à partir de ses neuf ans, par un prêtre capucin suisse. Dans "Au troisième jour" (éd. Artège - à paraître le 11 octobre 2017), Véronique Garnier-Beauvier raconte avec finesse et justesse, l'après: comment se reconstruire après avoir été victime d'agressions sexuelles. À l'âge de 13 ans, elle a elle-même subit les agressions sexuelles d'un prêtre durant deux ans. "Après il y a encore eu cinq d'abus psychologiques, pourrait-on dire ou de harcèlement."
Aujourd'hui mère de famille et grand-mère, elle est engagée au sein du diocèse d'Orléans dans l'écoute des victimes. Dans son livre, elle dit aussi comment elle a essayé de se réconcilier avec l'Église: "Je ne sais pas très bien si je suis vraiment dans l'Église ; c'est un chemin de réconciliation peut-être d'abord avec moi-même et mon histoire, et avec Dieu."
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