Coup de tonnerre au Vatican. La conférence épiscopale chilienne a annoncé vendredi 18 mai avoir remis la démission de ses 34 évêques au pape François. L’ensemble de ces évêques était venu rencontrer le souverain pontife à Rome, et a profité de l’occasion pour remettre sa démission, alors que le pays d’Amérique du Sud est plongé dans un vaste scandale de pédophilie.
"Nous, tous les évêques présents à Rome, avons remis nos postes entre les mains du Saint-Père afin qu'il décide librement pour chacun d'entre nous" […]"Nous voulons demander pardon pour la douleur causée aux victimes, au pape, au peuple de Dieu et à notre pays pour les graves erreurs et omissions que nous avons commises", ont ainsi expliqué les évêques chiliens dans une déclaration commune lue devant la presse.
Les évêques chiliens mis en difficulté par ce vaste scandale d’abus sexuels ont profité de cette tribune pour demander pardon aux victimes d’actes pédophiles de la part du clergé. "Nous implorons leur pardon et leur aide pour continuer à avancer sur le chemin de la guérison des blessures, pour qu’elles puissent se cicatriser" ajoutent-ils notamment.
Cette démission collégiale demeure une surprise. Néanmoins, jeudi 17 mai dernier, le pape François avait annoncé des changements à court, moyen et long terme au sein de l’épiscopat chilien, dans le but de rétablir la justice dans cette Eglise d’Amérique du Sud, secouée par des scandales pédophiles. Les évêques chiliens se rendaient à Rome, convoqués par le pape François, après la révélation et le témoignage de plusieurs victimes.
"C’est tout à fait dans la suite de la logique de vérité que le pape veut dans ce domaine. Il n’avait pas été vraiment informé au Chili, d’où les problèmes qui ont eu lieu lors de sa visite dans le pays. Mais là il a eu un rapport qui a été fait par deux envoyés spéciaux, et il a invité les évêques à venir en discuter à Rome pendant trois jours. […] La conclusion est tout à fait logique dans cette volonté d’aller jusqu’au bout" explique le père Pierre de Charentenay, jésuite, spécialiste de l'Amérique latine.
"Les premières accusations sont nées en 1984. L’archevêque de Santiago n’a rien fait. Et ce n’est qu’en 2011 seulement qu’il a été décidé une mise à l’écart du père Caradima [le premier prêtre évoqué dans cette affaire NDLR]. Cette volonté de vérité a toujours été difficile. Aujourd’hui le pape dit non" ajoute-t-il.
"C’est un tournant dans la lutte contre la pédophilie au Chili. C’est clair. En ce qui concerne l’Eglise, le tournant a été pris depuis des années. Et notamment avec le cardinal O’Maley, cardinal de Boston, leader dans cette lutte contre la pédophilie dans l’Eglise, et qui a eu l’appui du pape. Symboliquement, dans un pays, cette démission collective n’est jamais arrivée. Mais le Chili est un cas particulier, et à cas particulier, réponse particulière" lance encore le père Pierre de Charentenay.
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