Perron

C’est ce mot qui rassemble tous les Présidents de la République française, le perron, qui sera à l’honneur ce matin. C'est vrai qu'il suffit de lire la presse ou même de consulter perron sur un moteur de recherche pour qu'apparaisse tout de suite le "perron de l'Elysée"

Par exemple « le président a accueilli François Hollande sur le perron », ou « Brigitte Macron seule avec Rihanna sur le perron de l’Elysée », ou « De Gaulle et Adenauer sur le perron de l’Élysée ». Ce sont des titres d’articles, et il est frappant de voir à quel point la formule est récurrente. Alors j’ouvre mon Petit Robert et je lis pour exemple « Il nous a accueillis sur le perron ». Bien, et tout de suite après : « Le perron de l’Élysée ». Et pour définition, je vais lire dans le Petit Larousse : « Escalier extérieur de quelques marches se terminant par une plateforme sur laquelle donne une porte d’entrée. » Excellent.

Mais d’où vient ce mot ? Du mot pierre est-il précisé. Et si je fouille un peu plus, je ne m’étonne pas de son succès : perron est déjà présent, en 1080 dans la Chanson de Rolland, et il désignait au départ un bloc de pierre ou de marbre se trouvant à proximité du palais et où le roi pouvait siéger. C’est en fait plus tard, vers 1140, que ce fut le bloc de pierre placé devant l’entrée d’un palais, et vous savez pourquoi ?  Pour monter à cheval ou en descendre plus facilement. En 1611, dans le Dictionnaire de Cotgrave anglais-français qui a précédé nos dictionnaires monolingues, le perron ne devient plus désormais qu’ un ensemble de marches d’escalier donnant accès à un bâtiment. C’en est fini du cheval !

Le « perron » s’est embourgeoisé, voilà le problème ! D’où cette citation de Julien Green que j’aime beaucoup, extraite d’Adrienne Mesurat publié en 1927 avec cette belle réflexion à propos du perron : «  N’a-t-on pas vu bien des fois ce genre de maison dans la banlieue parisienne ? Avec son perron …et sa marquise en forme de coquille, elle semble avoir été l’idéal de toute une lasse de la société française ». Bon, Stéphanie, j’ai bel et bien un perron devant chez moi, il ne me reste plus qu’à acheter un cheval…