J’ai célébré dimanche avec un petit groupe d’amis juifs chrétiens, et leurs familles, chrétiens et non chrétiens ensemble, une célébration du seder de Pessah adaptée. Le seder de Pessah est le rituel millénaire qui rassemble dans chaque maison juive les familles autour d’un repas rituel et d’un repas de fête en mémoire de la sortie d’Egypte.
Le récit de l’Exode rapporte que le Seigneur, avant de libérer son peuple de l’esclavage, l’invite à partager un repas familial et communautaire autour de deux mets : du pain azyme, c’est-à-dire sans levain, et l’agneau immolé, dont le sang protège du Dévastateur – Ange ou Démon – qui frappe, cette nuit-là, les premiers-nés « de l’homme et du bétail » en Egypte.
Dans la nuit du 14 Nissan, après la première pleine lune de printemps, chaque famille juive se rassemble donc pour célébrer cette délivrance miraculeuse, en partageant quelques mets symboliques et quelques textes bibliques, avec leurs commentaires traditionnels. Cette soirée, tout entière orientée vers la transmission de la mémoire à la génération suivante, maintient le peuple juif dans la louange, l’écoute et le service.
Il s’agit de comprendre sa condition et sa vocation de Juifs dans l’histoire. Il s’agit de s’approprier cette histoire – puisque c’est le même repas de délivrance que celui que les pères partagèrent. Il s’agit de s’engager vers l’avenir, et d’abord dans l’année qui vient, pour y vivre une liberté nouvelle – liberté à la fois extérieure et intérieure. Cette fête de Pessah a du génie !
Vous connaissez la formule suprême de l’hospitalité que l’on adresse à l’hôte qui vous quitte : "Vous mangerez bien quelque chose avant de partir !" Ici, le coup de génie est que ce repas, vécu une fois dans l’histoire, au temps de l’Exode, devient un rite que les fils répètent d’année en année et de siècle en siècle. Dieu est toujours avec nous.
Quand Jésus célèbre, selon les Evangiles, son dernier repas avec ses disciples, celui-ci est un repas pascal : la Pâque d’Israël et sa Pâque de Messie. Comme le dit saint Jean, Jésus va "passer" - c’est le sens du mot Pessah – "de ce monde à son Père". Il le fait comme serviteur de l’alliance nouvelle – dont la libération de la mort est le don le plus excellent. D’où le pluriel des pâques chrétiennes : ses disciples "passent" avec lui par la mort et par la résurrection.
Les disciples de Jésus ne peuvent faire ce passage que "purifiés" par Jésus lui-même, comme il le dit à Simon-Pierre : "si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi". Puisse l’Eglise, Corps du Christ, vivre cette fête de Pâques 2019 comme une purification et un début renouveau de ses membres et de ses structures dans la mort et dans la résurrection de Jésus.
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