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Plaidoyer pour les animaux que l'on n'aime pas

RCF,  - Modifié le 4 avril 2019
Johannes Hermann revient ce matin sur ces animaux que l'on n'aime pas, et qui sont pourtant essentiels à l'écosystème.
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Aujourd’hui nous parlons des animaux mal-aimés. Il y en a tant que ça ?

Bien sûr, des tas. De plus en plus de gens sont sensibles au destin des abeilles, des mésanges, des hérissons, par contre la cohabitation avec les araignées, les corbeaux, les pies ou les chauves-souris ça reste compliqué. Certains vivent mal que leur nichoir à mésange soit occupé par des moineaux, pourtant les moineaux sont menacés et les mésanges non. Mais les moineaux sont tout gris, alors on s’intéresse moins à leur sort. Quand des oiseaux fientent sur la façade, souvent aussi on détruit le nid sans se poser de questions d’écologie. Les associations naturalistes reçoivent beaucoup d’appels du genre "j’ai des pies dans mon jardin, elles vont faire disparaître les mésanges" ou bien "j’ai des corbeaux qui nichent devant ma fenêtre, le bruit est insupportable". Dès qu’il y a un problème réel ou supposé, une interaction qui n’est pas neutre ou positive avec la vie sauvage, on oublie tout ce qu’on a entendu sur la disparition de la biodiversité pour les vieux réflexes du coup de balai ou du karcher.
 

Et donc qu’est-ce qu’on répond à la personne avec ses pies ou ses corbeaux ?

La première chose, c’est que la vie sauvage est libre, ce n’est pas une installation municipale qu’on monte ou qu’on démonte. Ensuite, il y a beaucoup de craintes sans fondement. L’impact des pies sur le reste de la faune sauvage est très faible, la plupart des serpents ne sont pas dangereux, les chauves-souris ne s’accrochent pas dans les cheveux. Et surtout, même quand il y a une vraie nuisance, elle est du domaine du supportable ; les corbeaux dans une rue c’est une fraction du vacarme. Et c’est dérisoire quand on rapporte ça à ce que nous infligeons à la faune sauvage. Il n’y a presque plus d’animaux autour de nous et on arrive encore à trouver qu’ils font trop de bruit ou prennent trop de place. Et c’est l’essence jetée dans une mare pleine d’amphibiens, des chauves-souris massacrées dans un grenier, des nids d’hirondelle détruits avec les jeunes. Déjà ce sont des espèces protégées donc tout cela est interdit, mais surtout c’est une contribution à la crise d’extinction, qui n’est pas anecdotique du tout. Et ça signifie aussi que nous ne sommes pas prêts à respecter la vie sauvage en tant que telle.
 

Donc il faut apprendre à aimer les pies et les corbeaux ?

Les pies, les corbeaux, les araignées, les chauves-souris. C’est quelque chose de bien connu maintenant : la vie sauvage, c’est un système. Toutes les espèces entretiennent des liens et ont besoin les unes des autres, et nous aussi, bien au-delà de l’utilité à court terme comme la chauve-souris qui chasse les moustiques. Tout ce système est globalement menacé. Il n’en reste presque plus rien. Ces espèces mal-aimées sont parfois les seules traces de nature autour de nous. C’est cette vision-là qu’il faut avoir en tête. Même celles qui sont noires, bruyantes, gluantes ou pleines de pattes partout… il faut leur garder une place.
 
 

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