Le 24 octobre 1945 naissait l’Organisation des Nations-Unies. Un événement clé dans l’histoire de la diplomatie mondiale, et de la mondialisation. Karim Lebhour connait bien cette institution. De 2010 à 2014, il y a vécu, au siège de New-York, et couvert l’actualité de l’ONU. Il raconte cette expérience dans un album baptisé "Une saison à l’ONU : au cœur de la diplomatie mondiale" avec la dessinatrice Aude Massot.
Cet ouvrage débute avec la citation d’un ancien secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld : "L’ONU n’a pas créé le paradis, mais elle a évité l’enfer". "On se demande si l’ONU est utile. Je crois que l’ONU remplit un rôle essentiel, d’autant plus alors que le multilatéralisme est attaqué de toutes parts. C’est un espace de dialogue, où tous les pays de la planète peuvent se retrouver et parler de problèmes. S’il n’y avait pas cet espace-là, les pays les plus puissants imposeraient leur volonté sans prendre en compte la voix des autres. L’ONU fait baisser les tensions internationales, et ramène tout le monde autour de la table. Cela ne marche pas toujours, mais tout de même, cela fonctionne quelque fois" analyse Karim Lebhour.
L’ONU ne se limite pas au Conseil de Sécurité des Nations-Unies dont on parle beaucoup. "Tout le monde connaît l’ONU. Tout le monde en a entendu parler. Mais personne ne sait comment ça marche. L’ONU, ce n’est pas simplement les casques bleus. On parle de l’ONU comme si c’était une sorte de gouvernement mondial qui aurait la capacité d’agir dans tous les conflits du monde. Ce n’est pas du tout ça. L’ONU est là pour mettre en œuvre la volonté des États-membres" explique-t-il.
Karim Lebhour prend l’exemple de la Syrie. Plus de 350.000 morts, certains observateurs avancent même le chiffre de 500.000. Un conflit que n’a pas pu éviter l’ONU. "C’est un très bon exemple. Dire que l’ONU n’a rien fait est faux. L’ONU a tenté par tous les moyens d’essayer d’agir sur la crise syrienne, et a été débouté à chaque fois par les vetos russe et chinois au Conseil de sécurité. Dix vetos depuis le début de la crise. C’est énorme. L’ONU ne parvient pas à agir parce que certains États membres ne veulent pas agir. L’ONU se contente de donner de l’aide l’humanitaire, essaye d’organiser des pourparlers. Mais on ne peut pas forcer les gens à faire la paix. L’ONU est un outil au service des États-membres, mais elle ne peut rien imposer" ajoute cet ancien journaliste.
L’une des grandes craintes des diplomates au moment de son élection, était l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. "Il a commencé par utiliser l’ONU beaucoup plus que l’on imaginait. Il a obtenu des victoires à l’ONU, notamment sur la Corée du Nord, il a imposé des sanctions grâce aux Nations-Unies. L’administration Trump a découvert que l’ONU pouvait servir à quelque chose. Dans la deuxième année Trump, on est dans une phase très différente, dans une politique de retrait des États-Unis de l’ONU. Ce qui veut dire que c’est la Chine qui va remplir ce vide" lance encore Karim Lebhour.
"Les Chinois prennent une influence de plus en plus prépondérante à l’ONU, dans le maintien de la paix, avec les Casques bleus, surtout en Afrique, car ils ont compris que le continent africain était vraiment l’endroit où il fallait investir aujourd’hui. Et on voit un retrait des idées occidentales à l’ONU aujourd’hui. Ces valeurs sont remplacées par d’autres valeurs, portées par la Chine" conclut-il.
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