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Pour la Fondation Abbé Pierre, les logements surpeuplés "ont d'énormes conséquences sur la santé"

RCF,  - Modifié le 30 janvier 2018
La Fondation Abbé Pierre publie son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. Un rapport qui pointe du doigt le surpeuplement de certains logements.
©Séb!Godefroy/Fondation Abbé Pierre©Séb!Godefroy/Fondation Abbé Pierre

Ce rapport annuel est basé sur les données de l’Insee. Plusieurs d’entre eux sont à retenir, et mettent assez bien en lumière la situation du mal-logement en France. "Le chiffre clé et le noyau dur du mal-logement, on l’évalue à quatre millions de personnes. Pas moins de 900 000 personnes ne bénéficient pas d’un domicile personnel auxquels il faut ajouter 2,5 millions de personnes qui vivent dans des conditions d’habitat difficiles, insalubres. Des conditions qui son extrêmement pénalisantes. Et l’on peut également ajouter les personnes qui souffrent de précarité énergétique. On arrive à un noyau dur de quatre millions de personnes" explique Joaquim Soares, directeur de l’animation territoriale de la Fondation Abbé Pierre.

La situation est critique, mais la France n’est pas le seul pays d’Europe à faire les frais du mal-logement. "On la retrouve dans d’autres pays européens. La France a la chance d’avoir un système de protection sociale qui inclut le logement social. C’est un système qui est mis à mal par les dernières mesures budgétaires prises par le gouvernement actuel, mais que beaucoup de pays nous envient" ajoute Joaquim Soares.
 

Le problème des logements surpeuplés

Dans ce rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre insiste particulièrement sur les logements surpeuplés. D’après le rapport, trop de familles vivent encore dans un logement d’une quinzaine de mètres carrés. Une situation intenable. "Il y a plus de huit millions de personnes qui sont en surpeuplement. L’Insee définit le surpeuplement par une mesure bien précise : on parle à la fois de surpeuplement accentué et modéré. Si vous prenez le cas d’une famille composée d’un couple plus deux enfants adolescents, il faut quatre pièces. S’il manque deux pièces vous êtes en surpeuplement accentué, s’il manque une pièce, vous êtes en surpeuplement modéré" précise le directeur de l’animation territoriale de la Fondation Abbé Pierre.

Cette réalité a de multiples impacts sur la vie quotidienne de ces familles. "On a voulu mettre le projecteur sur cette forme de mal-logement qui est ignorée de la part des pouvoirs publics et dont on parle peu. On dit souvent que quand on a la chance d’avoir un logement et d’être à l’abri, c’est mieux que d’être à la rue. Sauf qu’il y a d’énormes conséquences. D’abord c’est la dégradation du logement. Cela a un impact sur la santé physique et mentale. Cela a un impact sur le développement, sur la scolarité des enfants" analyse Joaquim Soares.
 

Une forme d'indifférence collective

Face à cela, la Fondation Abbé Pierre pointe du doigt une responsabilité collective. "Mais ce que nous observons, c’est que les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, n’ont pas été à la hauteur du défi qui leur était tendu avec la crise du logement. La crise du logement est très variable aujourd’hui en fonction des territoires. Il y a des territoires vacants ou d’autres territoires où c’est extrêmement tendu, où le décalage entre l’offre et la demande est énorme" déplore Joaquim Soares.

Il dénonce également une certaine forme d’indifférence collective. "C’est toujours mieux que d’être à la rue, donc on se dit que c’est moins grave. On trouve ce réflexe là chez les acteurs et les travailleurs sociaux qui veulent avant tout gérer les situations d’urgence et se pencher ensuite sur les situations moins graves. En même temps il y a un déni des pouvoirs publics qui y voient parfois des comportements culturels ou ethno-culturels. Des familles de certaines origines aiment bien être ensemble. Ce n’est pas forcément une appréciation raciste, c’est un constat de déni".

Le décalage d'Emmanuel Macron entre les déclarations et les actes

"Les politiques publiques n’ont pas su prendre conscience qu’année après année il y avait un décalage, la crise du logement : une offre sociale qui n’est pas au rendez-vous, un parc privé qui de tout temps a rempli une fonction sociale, qui s’est fermé aux ménages aux faibles ressources. Ce décalage est allé en s’accentuant. On a vu le début de la crise s’installer dans les années 80 et aujourd’hui ce décalage est le reflet des inégalités sociales au sein de notre société" lance Joaquim Soares.

Ce rapport, enfin, est assez sévère avec le gouvernement actuel. "Tout avait bien commencé. Lors de notre présentation sur l’état du mal-logement, Emmanuel Macron faisait partie des candidats qui étaient venus nous rendre visite, et il nous avait donné le sentiment qu’il y avait là une volonté de prendre à bras le corps la question du logement. In fine, les premières mesures ont été des coupes budgétaires. Il y a quelque chose qui ne matche pas entre les engagements, et les moyens qui ne sont pas au rendez-vous" conclut Joaquim Soares. 
 

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