À la suite de Wall Street, c’est un vent de panique qui souffle sur les principales Bourses en Europe comme en Asie. Le Dow Jones a perdu plus de 1 000 points en un jour et l’indice CAC40 est à son plus bas niveau depuis six mois. Un retournement de situation après presque une année d’essor financier record.
"Depuis environ un an nous avons une bulle boursière qui s’est formée. Les marchés ont été trop loin par rapport à la réalité économique et notamment à cause d’une injection de liquidité permanente des banques centrales, et notamment de la Banque centrale européenne, et d’une politique monétaire américaine toujours très accommodante. Les investisseurs se sont rués sur les actions, et l’on a atteint des sommets historiques notamment sur le Dow Jones, et la Bourse américaine. Et on a un problème, puisque pour justifier économiquement 26 000 points sur le Dow Jones, il faudrait une croissance mondiale de l’ordre de 8 à 9 %. Or on a fait à peu près 3,5 % l’année dernière. Les marchés ont été trop loin par rapport à la réalité économique et il est inévitable voire salutaire que se produise ce dévissement" explique Marc Touati, président du cabinet ACDEFI.
"On a eu un rebond boursier à partir de 2009 avec des à-coups durant la crise grecque, le Brexit et la crise en Chine mais globalement on avait une croissance mondiale qui redémarrait et il était normal que les marchés boursiers remontaient. Là, depuis un an et demi, on est dans la fin du mouvement. Les marches ont continué de grimper dans le vide avec une croissance qui commence à ralentir. Et puis surtout le problème c’est que maintenant les banques centrales, qui ont mis de la morphine dans les marchés, sont en train d’arrêter. Les taux d’intérêt remontent et on réduit la planche à billet en Europe, l’argent gratuit. Les investisseurs se rendent compte qu’il faut sonner la fin de la récré" ajoute l’économiste.
"Le mal est plus profond. Aujourd’hui, avec la croissance, il faudrait un Dow Jones autour des 20 000 points. On est toujours autour des 24 000 points. Il faut espérer néanmoins que les banques centrales aient peur de se faire mal. Il faut laisser cette reconnexion se faire. C’est une sorte de mini-krach. Le vrai danger, c’est qu’il ne faut pas que cela aille trop loin. La différence avec 2008, c’est qu’on a pu relancer la machine avec l’abaissement des taux d’intérêt et une relance budgétaire énorme. Là on n’a plus cette marge de manœuvre. C’est-à-dire que si demain on a nouvelle crise boursière et financière, ce qui est assez probable, on n’aura pas les moyens de relancer la machine puisque les taux d’intérêt sont déjà à zéro et puis nous n’avons pas les moyens d’une nouvelle relance budgétaire puisque nous avons une dette publique énorme" conclut Marc Touati.
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