Le pape a lancé l’idée d’un revenu universel et l’Assemblée Nationale ouvrira le débat sur le sujet ce jeudi. Mais cette belle idée est très complexe et mettra du temps à mûrir. En revanche, sans attendre, il faut mettre en place un revenu minimum pour les jeunes : un revenu tremplin !
Sabrina a 24 ans et habite en Meurthe-et-Moselle. Elle a travaillé ces deux dernières années et a eu droit au chômage de juin à octobre (342,36 euros, pas le Pérou !). Elle n’a pas droit au RSA mais elle a réussi à travailler quelques heures en interim pour gagner 95 euros.
Elle cherche activement du travail et Pôle Emploi l’a intégrée au nouveau dispositif du plan de relance, "1 jeune, 1 solution" : elle a eu quelques entretiens mais les entreprises ne la rappellent pas. Elle est en lien aussi avec des entreprises d’intérim qui lui disent "qu’en ce moment elles n’ont rien". Elle a un CAP vente. Avec la fermeture des commerces, peu d’espoir ! Mais elle est prête à faire des ménages.
Sabrina vit aujourd’hui sur ses économies, qui lui permettent de payer son forfait de téléphone. Elle partage un logement social avec son père, travailleur handicapé, "sinon je serais à la rue", dit-elle. Avant, elle participait aux frais mais elle ne peut plus le faire. Le 31 mars, elle aura 25 ans et donc droit au RSA. Elle prévoit de le demander mais elle espère surtout retrouver un travail dans la vente avant cette date.
Sabrina fait partie de ces milliers de jeunes qui rêvent de travailler mais sont les plus pénalisés par la crise et frappent à la porte des associations. Sabrina a la chance de loger chez son papa mais d’autres n’ont aucun soutien familial et se trouvent à la rue ou en squat.
Il est temps d’investir pour protéger tous ces jeunes, souvent peu qualifiés, qui se trouvent malgré eux sans emploi et condamnés à l’inutilité. Cette situation est angoissante pour eux et si elle dure, ils perdent confiance en eux. Certains se renferment, se marginalisent ou se réfugient dans des addictions.
Nous plaidons pour que tous les jeunes bénéficient d’un accompagnement bienveillant renforcé et personnalisé, vers l’emploi ou la qualification, assorti d’une allocation qui leur permette de se nourrir et de se loger. Ce serait un revenu tremplin, accessible à tous les jeunes de 18 à 25 ans, une sorte de revenu universel pour les jeunes. La crise est violente pour les jeunes. Il faut donc un effort exceptionnel de la nation afin qu’ils se sentent protégés et n’aient pas à quémander des aides. Un revenu tremplin pour tous les jeunes c’est un investissement d’avenir.
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
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