Lundi dernier, le Premier ministre Edouard Philippe a défendu une nouvelle fois cette diminution généralisée de la vitesse sur le réseau routier et il l’a fait, chiffres à l’appui. 116 vies auraient été épargnées depuis sept mois, date de l’entrée en vigueur des 80 km/h remplaçant les 90. Un résultat qui s’inscrit dans un bilan global plutôt encourageant pour l’année 2018.
Selon des données provisoires, on note 189 décès de moins sur les routes qu’en 2017, soit une baisse de 5,5% au total des résultats historiques pour Edouard Philippe. Cela représente tout de même encore 3.259 vies fauchées sur tout le réseau, autoroutes comprises, pour 2018. Depuis le centre de réadaptation de Courbet en Seine et Marne, qui accueille des accidentés de la route, le Premier ministre n’a pas manqué de rappeler que si la mesure est impopulaire, elle est cependant nécessaire.
Edouard Philippe a annoncé lundi une 'baisse historique' de la mortalité routière en métropole. En fait, le nombre de 3.259 victimes qui concerne l’ensemble du réseau pour 2018 est pour l’instant provisoire. Les chiffres de janvier sont estimés par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière.
Mais ces données peuvent encore être incomplètes. Il faut aussi savoir qu’une personne est comptée comme tuée dans un accident si elle décède dans les trente jours qui suivent le drame, donc pour que les chiffres soient exacts il faudrait logiquement attendre le 31 janvier. Il s’avèrerait quand même qu’il y aurait, en comptant l’écart faible entre les estimations et la réalité, une baisse du nombre de victimes entre 2017 et 2018.
On remarque que les paliers de baisse de mortalité sur les routes sont souvent provoqués par une législation plus stricte : en 1973 la ceinture de sécurité, en 1983 les mesures contre l’alcool au volant, en 2002 les radars automatiques. Me Jehanne Collard, est avocate de familles de victimes de la route. Elle se félicite de ces chiffres et soutient la mesure.
Cependant cette mesure a été très mal accueillie lors de son entrée en vigueur, et son abandon est réclamé par beaucoup, notamment chez les Gilets jaunes. La mesure des 80 km/h sur route secondaire concerne 400.000 kilomètres de routes à deux voies sans séparateur central. Elle s’applique en grande majorité dans des départements ruraux.
Ce ralentissement obligatoire est donc une problématique de plus qui s’ajoute à toutes les revendications des Gilets jaunes concernant les difficultés que les Français rencontrent au quotidien, certains arguant du fait que cela permettrait de mettre plus de PV avec les radars, et de gagner de l'argent sur le dos des automobilistes, les empêchent de doubler les camions... C’est un peu une mesure-symbole qui cristallise la colère. Chantal Perrichon, elle, a un message à adresser aux contradicteurs de la mesure, en prenant en compte leur situation. Elle est la présidente de la Ligue contre la violence routière.
Dans son discours lundi, Edouard Philippe a laissé entendre que des aménagements seraient possibles pour les départements ruraux. 'En février, a-t-il déclaré, je ferai connaître les chiffres département par département. Chaque président pourra connaître les chiffres sur son réseau et faire des propositions'. Michel Autissier président du conseil départemental du Cher, est l’un des premiers élus à avoir manifesté contre la mise en place de cette mesure. Il critique notamment une disposition 'de technocrates parisiens, éloignés de la réalité des zones rurales'. Et il se dit favorable à reprendre en main le sujet pour son département.
D’autres partagent ce sentiment de non-efficacité de la mesure. Certains contestent les chiffres donnés par Edouard Philippe. A l'image de Pierre Chasseray délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes. Sauver des vies sur les routes peut aussi passer par d’autres moyens que cette mesure.
Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, fait remarquer des dysfonctionnements concernant d’autres fléaux qui tuent sur les routes. Elle critique également les radars fixes dont la dégradation est inévitable, elle emploie même l’expression 'jouets des casseurs'. Selon elle, on peut imputer 60 morts à la vandalisation de radars ces deux derniers mois. La ligue contre la violence routière préconise donc la mise en place de radars mobiles dans des voitures banalisées comme en Angleterre.
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