Le rugby anglo-saxon est une nouvelle fois bien représenté dans le dernier carré de la Coupe du monde de rugby. Après les quarts et l’élimination du XV de France, place aux demi-finales vendredi 20 et samedi 21 octobre. Parmi les quatre équipes encore en compétition, trois (Angleterre, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande) sont issues de la sphère d’influence britannique. Simple coïncidence ou vraie explication géopolitique ? Décryptage.
Gueule de bois au lendemain de cet alléchant France-Afrique du Sud (28-29). Si le résultat n'est pas celui attendu, le duel a réservé toutes ses promesses en termes d'intensité et de niveau technique. La France est éliminée dès les quarts de finale. Désormais, avec l'élimination de nos Bleus, la voie est presque libre pour le rugby anglo-saxon qui devrait, sauf immense surprise, remporter le précieux trophée Webb Ellis.
Le calcul est assez simple : sur les quatre dernières équipes en compétition, trois trouvent leurs racines dans un rugby anglo-saxon, mère patrie du rugby. S’il est difficile d’imaginer l’Argentine, seule équipe hispanophone, remporter le précieux sésame, la seule présence des Pumas en demi-finales constitue presque un exploit. En 2019, lors de la dernière Coupe du monde au Japon, le dernier carré était composé en totalité de nations, d’inspiration d’outre-Manche.
Cette année, l’Argentine fait presque figure d’intrus. Les trois autres équipes anglo-saxonnes (Afrique du Sud, Angleterre, Nouvelle-Zélande) semblent effectivement bien au-dessus du lot. Preuve que le rugby a encore du mal à s’émanciper de sa mère patrie. “Il y a encore aujourd’hui une très forte présence de la culture britannique dans le jeu. Notamment, lorsqu’on regarde les principales nations qui sont au top niveau du classement mondial, qu’il s’agisse du XV masculin, mais aussi du XV féminin”, raconte Carole Gomez, assistante diplômée à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne. Absente de ces demi-finales, et pourtant annoncée favorite, l’Irlande était, il y a quelques semaines encore, considérée comme la meilleure équipe du monde par la planète rugby.
Face à la nette domination du rugby mondial dominé par la culture britannique, la France n’a pas à rougir de son niveau de jeu. De plus, il n’y qu’à voir le succès populaire que suscite l’organisation de cette Coupe du monde. Les supporters ont répondu présent, dans les stades, comme à la télévision.
Pour comprendre cet engouement, il faut remonter quelques années en arrière. “En parallèle du Royaume-Uni, la France a développé une histoire et une relation très intime avec le rugby. D’abord, grâce au développement au sein des grandes métropoles puis au sein des territoires avec ce qu’on appelait un rugby de clocher”, fait savoir Carole Gomez, avant d’ajouter : “Ensuite, il y a eu le phénomène contraire, et un retour vers les grandes métropoles”.
Nous sommes au début des années 1900, lorsque la France est accueillie dans le Tournoi des Cinq Nations. L’exclusion au début des années 1930 ne freine pas la marche en avant du rugby français. “Au contraire, la France a continué à tisser des liens, à organiser des matchs, à organiser des tournées, et même créer une Fédération internationale de rugby amateur, la FIRA, en 1934, [ndlr : Rugby Europe aujourd’hui] et a continuer à faire vivre le rugby sur son territoire”, détaille l’autrice de Géopolitique du rugby, aux éditions Dunod. Faire vivre le rugby sur son territoire, mission réussie pour la Fédération Française de Rugby qui a vu grimper en flèche ses licenciés depuis le début de la Coupe du monde.
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