Plusieurs écoles et parents se mobilisent à Rennes ce mardi 20 février, pour protester contre le manque d’accompagnants d’élèves en situation de handicap. D’autres vont chercher les AESH directement par petite annonce. Une situation qui concerne plusieurs centaines d’enfants dans les écoles d’Ille-et-Vilaine, selon les syndicats enseignants.
“Où se cachent les AESH ? On en a besoin pour nos copains.” “Pour une école inclusive, tous pareils, tous différents, tous ensembles.” Des banderoles comme celles-ci se multiplient devant le portail des écoles rennaises ces dernières semaines. Un mouvement pour signifier la colère des parents et des enseignants face au manque d’accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH).
Ce sentiment monte dans les écoles rennaises depuis plusieurs semaines. Déjà en octobre dernier, un premier rassemblement devant le Rectorat avait réuni une centaine de personnes. Depuis, plusieurs écoles ont exprimé leur ras-le-bol : dans le quartier du Blosne, l’école Léon-Grimault, le collège des Hautes-Ourmes, et l’école maternelle de la Poterie ; quartier Sud gare, l’école de Villeneuve ; ou encore dans le quartier Nord Saint-Martin, les écoles Joseph-Lotte et Jules-Isaac. Un mouvement également constaté dans d’autres écoles de la métropole rennaise, comme à Paul-Émile Victor, à Saint-Grégoire.
Le 3 février dernier, une centaine de parents, d’enfants et d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), manifestaient à Saint-Gilles, à l’Ouest de Rennes, devant l’école Jacques-Prévert pour dénoncer l’absence d’AESH, et plus généralement, le manque de moyens alloués à l’école publique. Un nouveau rassemblement est prévu ce mardi 20 février à 16 h 45 devant le conservatoire du Blosne.
Si le principe de l’inclusion à l’école fait l’unanimité, “c’est le manque de moyens, et le décalage entre les ambitions affichées, et la réalité sur le terrain, qui est insupportable, réagit Brunilde Loisson, mère de deux jumeaux scolarisés en CP. Mon coeur de maman ne supporte pas de voir ces familles déjà dans une situation compliquée, souffrir en plus de cette situation.”
Dans son école Jules-Isaac, au Nord de Rennes, après un nouvel arrêt maladie d’une enseignante, les parents d’élèves ont carrément décider de poster une annonce sur le site internet leboncoin, pour vérifier si, vraiment, on manquait de candidats pour ces postes. En quelques jours, plusieurs “candidatures sérieuses”, selon Brunilde Loisson, ont été envoyées. Un recrutement a depuis permis à deux AESH de rejoindre l’équipe le 12 février dernier. “Comme quoi, quand on se mobilise, on fait avancer les choses”, observe Brunilde Loisson.
La démarche a inspiré d’autres établissements, comme l’école Joseph-Lotte, à poster à leur tour sur le site de petites annonces en ligne.
Le syndicat enseignant FSU-Snuipp estime qu’en Ille-et- Vilaine, il manquerait 400 à 500 AESH. A l’échelle de la Bretagne, chaque année, 13 400 élèves ont besoin d’un accompagnement à l’école, pour seulement 6 169 accompagnants. “Certains postes concernent des enfants qui ont besoin d’un accompagnement à 100 %. Ce sont les cas où le manque est le plus grave, constate Arnaud Texier, enseignant en maternelle à La Poterie et représentant syndical au Snuippp FSU 35. Mais certains enfants se voient notifiés par la MDPH, la Maison départementale des personnes handicapées, un accompagnement sur plusieurs heures, ou mutualisé avec d’autres enfants. Là aussi les manques sont importants.” A La Poterie, enseignants et Atsem s’entraident pour accompagner au mieux l’un des élèves pourtant notifié d’un accompagnement à 100 %.
La situation dure depuis février dernier. Nous sommes fatigués. Arnaud Texier
Une partie de l’explication tient au manque d’attractivité du métier. La plupart des AESH ont des contrats d'une quinzaine ou d'une vingtaine d'heures par semaine, pour un salaire qui excède rarement 800 euros par mois. Pour l’enseignant en maternelle, le manque de places en établissements spécialisés, comme les Instituts médico éducatifs (IME) ou les Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (Itep), joue aussi un rôle important. “Ce sont des enfants que nous ne sommes pas formés pour bien accueillir, en situation d’autisme, constate Arnaud Texier. Les premiers touchés, ce sont les enfants eux-mêmes, qui se retrouvent dans des environnements bruyants, avec beaucoup de monde autour d’eux."
Actuellement, un millier d’enfants attend une place dans un établissement spécialisé en Ille-et-Vilaine.
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