C'est théoriquement le début de la fin pour la jungle de Calais. Les réfugiés demandeurs d'asile commencent à être évacués vers les centres d'accueil et d'orientation (CAO) répartis sur tout le territoire. Le démantèlement du camp doit durer de lundi 24 à mercredi 26 octobre. 6 000 à 8 000 réfugiés vivaient dans la jungle, avec pour beaucoup l'espoir de passer au Royaume-Uni.
Le premier bus emmenant les migrants vers un CAO a pris la route un peu avant 9 heures, lundi. A son bord, 50 hommes soudanais ont donc quitté le camp pour l'un des 451 centres disséminés dans toute la France, à l'exception de la Corse et de l'Île-de-France. Le premier jour, 60 bus doivent emmener les réfugiés depuis la jungle. Sur place, des membres de l'office français de l'immigration et de l'intégration tablent sur le départ de 2 000 à 2 500 personnes pour lundi. En début d'après-midi, environ un millier de personnes avaient quitté le site via 25 bus.
Des longues files d'attente se sont constituées, encadrées par quelques 1 250 policiers et gendarmes présents sur place. Depuis Paris, le ministre des l'Intérieur Bernard Cazeneuve a fait état d'une opération menée 'dans le calme et la maîtrise' malgré quelques bousculades. La nuit précédente, les forces de l'ordre ont par contre dû tirer pas moins de 120 grenades lacrymogènes à cause de heurts dans le camp.
Après le départ des réfugiés, le camp devrait disparaître. Les pelleteuses doivent commencer mardi la démolition des tentes et baraquements, selon le programme prévu par les autorités. Le gouvernement avait annoncé fin septembre le démantèlement de la jungle en présentant l'opération comme 'humanitaire'. D'après les autorités, environ 7 500 places d'hébergement ont été créées sur tout le territoire.
Mais la mesure n'a pas été bien accueillie partout. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, le président les Républicains Laurent Wauquiez a par exemple rédigé une pétition, craignant de voir l'installation de 'mini-Calais'. Dans la nuit de dimanche à lundi, un centre d'accueil de réfugiés a été incendié à Loubeyrat dans le Puy-de-Dôme. D'autres maires de communes négocient aussi fermement le nombre d'arrivées de réfugiés dans leur localité.
Outre l'opposition et certains maires qui critiquent le démantèlement, des associations regrettent aussi une forme de précipitation dans cette opération. Gaël, coordinateur chez Utopia 56, regrettait le manque de concertation avec l'Etat pour préparer le démantèlement. 'On est dans le flou, comme d'habitude, notamment sur la suite dans les CAO', expliquait-t-il.
Mais du côté de certains réfugiés aussi, l'évacuation passe mal. Rejoindre le Royaume-Uni reste l'objectif pour environ 2 000 migrants de la jungle selon certains membres d'associations présents sur le camp. Des réfugiés ont d'ailleurs quitté le site dans le weekend précédent le début de l'évacuation. La tension monte entre Paris et Londres sur cette question. Les accords du Touquet, régissant l'immigration entre les deux pays, essuie de plus en plus de critiques. Le cas des mineurs isolés, 1 300 dans la jungle, constitue aussi un point de crispation. 500 disent avoir de la famille au Royaume-Uni. Récemment, Londres a avancé sur le dossier. Environ 200 ont pu traverser la Manche selon l'association France Terre d'Asile.
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