La guerre en Ukraine a bousculé la campagne présidentielle et impose dans le débat les enjeux internationaux et diplomatiques. À deux semaines du premier tour, RCF fait le point sur ce que proposent les candidats sur le plan international.
C'est une campagne présidentielle pas comme les autres, sur laquelle l'ombre de la guerre en Ukraine plane depuis un mois. Mais sur le plan international, que proposent les candidats à l'élection présidentielle ? RCF passe au crible les programmes des 12 prétendants à l'Elysée.
Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière à l’élection présidentielle, prône un non-alignement de la France. Elle condamne l’offensive russe en Ukraine mais s’oppose à l’envoi d’armes dans le pays et aux sanctions économiques contre la Russie, qui pénalisent selon elle la population.
Sur le plan de l’immigration, la candidate plaide pour un accueil total des personnes exilées, en supprimant la règlement de Dublin qui prévoit que le premier pays d’entrée est responsable de la demande d’asile.
Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France affiche un souverainisme renforcé. Il envisage, s’il est élu, de suspendre l’application de certaines dispositions européennes comme l’espace Schengen. Le candidat promet d’engager des négociations qui tendraient vers une Europe des nations et non plus l’Union européenne telle qu’on la connaît. Il souhaite aussi sortir du commandement intégré de l’OTAN.
Malgré la guerre en Ukraine, dont il plaide d’ailleurs la neutralité, Nicolas Dupont-Aignan espère bâtir avec la Russie "un partenariat équilibré car nos intérêts sont communs et nos atouts complémentaires".
Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste (PS) estime dans son programme que l’Union européenne est un instrument majeur de la souveraineté de la France, notamment sur le plan environnemental. Elle promet la création d’une contribution carbone aux frontières de l’Union et d’un tribunal pénal international de l’environnement, pour reconnaître les crimes d’écocides. Concernant la guerre en Ukraine, la candidate prône l’envoi de matériel militaire à l’Ukraine.
Sur la question migratoire, Anne Hidalgo veut favoriser l’accès au travail dès la demande d’asile, proposer des cours de français gratuits aux nouveaux arrivants, et mieux répartir au niveau du continent l’accueil de ces demandeurs d’asile, tout en luttant, contre les voies irrégulières et meurtrières d’immigration clandestine.
Yannick Jadot, candidat Europe-Ecologie les Verts (EELV), soutient lui aussi l’idée d’envoyer des armes à l’Ukraine. Dans ce conflit, il entend aussi, s’il est élu, isoler la Russie financièrement et diplomatiquement, et que la France prenne sa part dans l’accueil des réfugiés ukrainiens.
Son programme international s’axe en majeure partie autour de l’environnement. Il plaide pour la création d’une organisation mondiale de l’environnement, sur le même modèle que celle du commerce ou de la santé, mais aussi la mise en place d’une conférence internationale sur le désarmement nucléaire.
Jean Lassalle, candidat de "Résistons !", s’inscrit dans une volonté de faire de la France un pays plus souverain. Il prévoit un désengagement de l’OTAN, et envisage de revoir la participation financière de la France au budget européen. Sur la guerre en Ukraine, le candidat veut exiger un cessez-le-feu par l’intermédiaire de l’ONU.
Jean Lassalle consacre également une partie de son programme à l’Afrique. Sur ce continent, il veut soutenir l’instruction et le développement des infrastructures, notamment les télécommunications, pour, "faciliter les relations culturelles et économiques".
Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN), estime qu’il ne faut pas envoyer de troupes françaises en Ukraine, mais trouver une issue diplomatique par l’intermédiaire de l’ONU. Elle plaide pour l’accueil de réfugiés ukrainiens en France. Elle veut aussi sortir la France du commandement militaire intégré de l’OTAN.
Contrairement à sa précédente campagne il y a cinq ans, Marine Le Pen ne prône plus une sortie de la France de l’Union européenne, ni de l’euro. Mais elle veut obtenir de l’Union européenne la fin de la primauté du droit européen.
Sur le plan de l’immigration, Marine le Pen promet de supprimer l’aide médicale d'Etat, le droit du sol et le regroupement familial.
Emmanuel Macron, candidat La République en Marche (LREM), promet de continuer à sanctionner la Russie pour son offensive en Ukraine, et d’accueillir les réfugiés ukrainiens. Critique il y a quelques années sur l’OTAN, Emmanuel Macron estime que la guerre en Ukraine lui redonne "une clarification stratégique en la ramenant aux conflictualités de ses origines". Côté défense, il promet d’augmenter les dépenses militaires pour qu’elles atteignent 2% du PIB.
Sur l’Europe, le candidat entend mener à bien la réforme de Schengen, afin de "renforcer nos frontières européennes". Le candidat veut également refonder l’organisation de l’asile et du droit au séjour, en accordant notamment un titre de long séjour à la condition de réussir un examen de français et de trouver un travail.
Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise (LFI), propose un statut de neutralité de l’Ukraine, et de continuer à sanctionner la Russie. Il prône aussi le retrait immédiat de la France du commandement de l’OTAN puis de l’organisation en elle-même. Le candidat insoumis veut s’émanciper de la diplomatie américaine, construire une défense française indépendante, et dans le même temps donner plus de poids à l’Organisation des Nations unies, en soumettant par exemple toute intervention militaire à un mandat de l’ONU.
Sur le plan environnemental, Jean-Luc Mélenchon envisage s’il est élu de reconnaître le crime d’écocide, et de soutenir la création d’un tribunal international de justice climatique et environnementale.
Valérie Pécresse, candidate des Républicains (LR), veut, dans le contexte du conflit en Ukraine, prendre des actions ciblées contre l’entourage de Vladimir Poutine, diminuer les achats d’hydrocarbure russe et accueillir, si la situation l’exige, les réfugiés ukrainiens capables de justifier leur statut.
Sur l’immigration, Valérie Pécresse entend supprimer le droit du sol automatique, systématiser le contrôle aux frontières européennes, et dans ce cadre accélérer le recrutement de 10 000 gardes Frontex.
Dans la droite lignée de sa famille politique, Valérie Pécresse veut consolider la place de la France dans l’OTAN, et renforcer la préférence européenne dans la commande publique.
Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), estime, dans la guerre en Ukraine, qu’il faut stopper l’extension de l’OTAN et annuler la dette de l’Ukraine. Il envisage d’ailleurs, dans son programme, de quitter l’alliance transatlantique. Le candidat aimerait mettre un terme aux exportations d’armes françaises, désarmer le pays en détruisant les armes nucléaires, et arrêter les interventions militaires françaises à l’étranger.
Philippe Poutou est favorable à l’ouverture des frontières aux migrants, en leur garantissant un accueil digne et en ouvrant le droit d’asile à tous ceux qui fuient la guerre. Autre proposition : l’abolition de la dette des pays du Sud.
Fabien Roussel, candidat du Parti communiste (PCF), s’oppose à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Il se positionne d’ailleurs pour un retrait de la France de l’OTAN et souhaite sa dissolution. S’il est élu, il envisage que la France signe le traité d’interdiction des armes nucléaires et s’engage activement en faveur d’un processus de dénucléarisation total.
Pour le député du Nord, économie et relations internationales sont étroitement liés. Il veut mettre fin aux accords économiques inégaux avec les pays du sud et augmenter l’aide publique au développement. Dans le même esprit, il souhaite l’abrogation les traités internationaux de libre-échange. Fabien Roussel souhaite ouvrir des voies légales et sécurisées pour les migrants et renforcer les moyens de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Eric Zemmour, le candidat de "Reconquête !", veut d’abord s’engager à ce que l’Ukraine n’entre jamais dans l’OTAN. Sur l’accueil des réfugiés ukrainiens, le candidat veut aider en priorité les pays limitrophes mais accueillir les réfugiés "qui ont des attaches" en France. Le candidat veut supprimer le droit du sol et le regroupement familial, et renvoyer tous les étrangers clandestins.
Eric Zemmour veut faire sortir la France du commandement intégré de l’OTAN, réorienter l’Union européenne vers une Europe des nations, en faisant primer toute nouvelle loi nationale sur le droit européen existant.
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