Alors que le costume-cravate est de mise pour les hommes politiques, la mode pour les femmes de pouvoir est un réel sujet suivi de prêt par les médias et la population. Sophie Lemahieu, historienne de la mode, auteur de "S'habiller en politique. Les vêtements des femmes au pouvoir. 1936-2022" nous donne, à une semaine du premier tour, quelques clés de compréhension sur les styles vestimentaires en politique.
"Très souvent quand une femme politique s'exprime ou qu'elle est interviewée dans un journal sa tenue va être décrite, pas forcément critiquée mais on va au moins prendre beaucoup plus de temps à parler de sa tenue qu'on ne le ferait pour un homme" constate Sophie Lemahieu. Pas si grave ? Cela peut le devenir notamment lorsque la personne concernée perd de son temps de paroles au profit de considérations esthétiques.
Il n'est pas simple pour ces femmes engagées politiquement d'être ramenées à leur apparence physique de manière quasi systématique. "Comme leur but c'est qu'on écoute d'abord leur discours plutôt que de parler de leur apparence, elle n'ont pas forcément envie de s'exprimer sur le sujet" explique l'historienne de la mode.
Il y a un vrai décalage temporel entre les effets de mode et leur pénétration dans le monde politique. Par exemple, alors que dans les années 60 le pantalon devient un vêtement quotidien pour les femmes, il est très peu présent chez les politiciennes.
On se rappelle de Michelle Alliot-Marie qui en 1972 se voit refuser l'entrée à l'Assemblée nationale à cause de son pantalon. Ce à quoi elle répondra : "Si c'est le pantalon qui vous gène, je l'enlève." Une phrase qui restera gravée dans les mémoires, montrant l'absurdité de l'interdiction. Le port d'un jean a posé le même souci à Cécile Duflot, 40 ans plus tard au Conseil des ministres.
Nous sommes tous plus ou moins attentifs à l'apparence des personnes qui nous entourent, d'autant plus lorsque ces personnes ont du pouvoir et sont médiatisées. Sophie Lemahieu constate qu'il y a des éléments vestimentaires qui se retrouvent dans toutes les tenues, hommes ou femmes, et qui font échos au pouvoir. "La veste par exemple qui est le vêtement du pouvoir , le vêtement de la rigueur, le vêtement qui montre qu'on a un certain statut". Actuellement, la seule à ne pas porter de veste est Nathalie Arthaud, candidate d'extrême-gauche pour le parti Lutte ouvrière. Elle préfère les blousons légers, une manière d'être plus proche du peuple et justement de se dissocier de ce statut de pouvoir.
Dans la campagne présidentielle actuelle, Sophie Lemahieu constate que les candidates ont toutes adopté la même stratégie : parler de leur programme plutôt que de leur style. Pour cela Valérie Pécresse, Anne Hidalgo et le reste des candidates ont choisi un style vestimentaire autour du tailleur pantalon, sobre et confortable.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !