Isère
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L'association pour le droit à l'initiative économique publie une enquête sur les besoins des indépendants. S'ils demandent plus de reconnaissance et une meilleure protection sociale, l'enquête montre aussi que ces petites entreprises participent pleinement à une économie plus proche, plus durable et qu'elles permettent de mieux s'insérer sur le marché du travail.
Ils sont plus de 4 millions en France à s’être lancés dans l'entrepreneuriat dans le commerce, l’artisanat ou encore les services. Ainsi ce sont près de 11% des actifs qui sont aujourd’hui indépendants.
Lancer sa boîte, devenir son propre patron : beaucoup de français en rêvent. La tendance est à la hausse depuis une décennie, et l’engouement ne faiblit pas. “Rien qu’en Isère en 2021, on compte plus de 18 000 créations d’entreprises. Les trois quarts sont des entreprises individuelles” abonde Etienne Taponnier, directeur de l’ADIE en Auvergne-Rhône Alpes.
Mais pour Etienne Taponnier, il y a un décalage entre le rêve et la réalité : “Quand on parle d’entrepreneur, on a souvent en tête les start-up, ces entreprises avec un fort potentiel de développement, qui lèvent des millions d’euros de fonds. Mais la réalité c’est que la plupart des entrepreneurs veulent juste réussir à vivre de leur travail et à se tirer un salaire”.
L’ADIE finance et accompagne d’ailleurs principalement des créateurs d’entreprises qui ont peu de moyens : la plupart sont au chômage, la moitié vit sous le seuil de pauvreté.
Mais ça fonctionne. Depuis dix ans les petits travailleurs indépendants ont réalisé 20 milliards d’euros de chiffre d'affaires et largement participé au dynamisme de l’économie, à l’échelle locale.
Souvent très attachés à leur ville voire à leur quartier, la plupart des indépendants interrogés par l’enquête avancent aussi des motivations très personnelles : l’envie de faire un métier qui a du sens, de contribuer à une économie plus durable, plus solidaire.
Sur le terrain, l'ADIE se félicite d'obtenir de très bons résultats. Les créateurs d'entreprise qu'elle accompagne, dont la plupart sont au chômage au moment où ils se lancent, sont toujours en activité trois ans plus tard et on réussit à pérenniser leur entreprise. 1 sur 2 parvient même à ne plus être dépendants des minimas sociaux. Pour l'association, pas de doute : il faut mieux informer les demandeurs d’emploi sur cette alternative et accorder une véritable reconnaissance de l’impact positif de ces petites entreprises sur le territoire.
Car, selon l’enquête réalisée par OpinionWay pour l’association, “le mégaphone”, les indépendants se sentent négligés par les pouvoirs publics.
Beaucoup d’entre eux estiment ne pas avoir accès à une protection sociale suffisante en cas de cessation d’activité ou de maladie, « alors même qu'un indépendant qui touche le SMIC doit 40% de cotisations sociales, là où un salarié qui a le même niveau de revenus ne cotisera que 20% », avance le directeur régional de l'ADIE qui propose d’aligner les droits des indépendants sur ceux des salariés.
Elle plaide aussi pour un régime de retraite unique, en lieu et place des régimes spécifiques à chaque statut. Pour Étienne Taponnier « notre régime français commence à dater. Il a été crée principalement pour les salariés. Mais aujourd’hui la réalité c’est que les actifs vont parfois alterner des périodes d’activité indépendante et de salariat. Ils ont besoin d’avoir plus de visibilité sur leurs droits à la retraite ».
L’ADIE souligne aussi le paradoxe entre un statut dont les politiques font volontiers la promotion et la frilosité des institutions. Le statut d’indépendant est par exemple souvent perçu comme un frein au moment d'obtenir un logement auprès d’un propriétaire ou un prêt immobilier auprès d’une banque selon l'enquête.
Enfin les indépendants souhaiteraient être mieux accompagnés, notamment sur les questions de transition écologique et énergétiques. Avec la généralisation des zones à faibles émissions et l’interdiction des véhicules diesel qui s’impose dans de nombreuses grandes villes, les aides à l’achat de véhicules moins polluants ou à la rénovation énergétique de leurs locaux ne sont pas en adéquation avec leurs véritables moyens, note l’ADIE.
Des demandes concrètes qui ne se feront pas sans mal. L’association pour le droit à l’initiative économique réclame la tenue d'États Généraux du travail indépendant pour enfin mettre les petits entrepreneurs à la table des négociations. Des discussions qu’elle espèrent voir aboutir un l’instauration d’une protection sociale universelle pour tous les actifs, quel que soit leur statut.
En bref : les propositions phares de l’ADIE
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