Regardons le paysage après les scrutins récents : le Brexit, la poussée populiste dans de nombreuses nations de l’est du continent (Pologne, Hongrie) et les élections législatives autrichiennes. Et maintenant celles en Italie. Dans la péninsule, les résultats confirment les craintes d’avant le vote : aucune majorité nette. Mais surtout le mouvement 5 Etoiles – antisystème- est devenu la premier parti du pays avec plus de 31 % des voix. Dans la coalition entre Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite) et la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite) qui obtiennent ensemble 37%, c’est la Ligue qui est en tête. Le parti démocrate de Matteo Renzi (centre gauche) est gravement défait et obtient à peine 19%. Une véritable déroute pour l’idée européenne dans un pays fondateur de l’Union.
Il faut regarder de près les effets destructeurs des impasses actuelles en Europe. L’incapacité à trouver une réponse solidaire au défit migratoire. Ce manque a laissé l’Italie se débrouiller toute seule face aux flux venus du Proche Orient ou d’ailleurs et nourrit les inquiétudes et les discours excluants. Ajoutons le vent « dégagiste » qui souffle assez fort partout en Europe. On voit mieux les causes profondes de ces résultats.
Le pire n’est jamais sûr. Mais pour éviter qu’il advienne, mieux vaut s’organiser. La conscience de la menace est assez partagée. En Europe pourtant, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Après des mois de paralysie politique en Allemagne, Angela Merkel qui sera reconduite à la Chancellerie le 14 mars, a placé l’action du son futur gouvernement de grande coalition sous le signe de l’Union. « Nous voyons tous les jours que l’Europe est très sollicitée, et qu’une voix forte de l’Allemagne, au côté de celle de la France et d’autres Etats membres, est nécessaire » a-t-elle souligné dès ses premières déclarations. Notons, par ailleurs, chez ceux qui, comme les Britanniques, ont choisi la rupture, le remord gagne du terrain.
Les défis ne sont pas qu’intra-européens. Ils portent aussi sur le commerce mondial après les intentions protectionnistes affichées par de Donald Trump. Les ambiguïtés chinoises, la guerre en Syrie et ses conséquences migratoires. La France porte des ambitions comparables. Et Emmanuel Macron se dit déterminé à « relancer l’Europe ».
Certes, formulé ainsi, tout cela peut sembler un peu vague. Pour être plus précis, cela passe sans doute par plus de solidarité entre les pays, une meilleure gouvernance économique et plus d’équité dans les politiques conduites. Les critiques adressées à l’Europe libérale et à ses égoïsmes, augmentées des résultats des récents scrutins, conduisent à accroître l’ambition européenne pour sauver le projet. Non pas simplement pour lui-même et tout ce qu’il a apporté. Mais d’abord pour éviter toutes les régressions proposées par ceux qui tiennent en ce moment le haut du pavé.
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