Pupille, c’est un mot précieux, qu’il s’agisse, au féminin, de la pupille de l’œil ou au masculin d’un pupille, c’est-à-dire un orphelin mineur en tutelle, une tutelle qui peut être la Nation, d’où l’existence des pupilles de la Nation.
La différence entre masculin et féminin n’est pas seulement une question de genre. D’un côté il y a la racine « pep » qui exprime ce qui est petit, d’où la « poupée », et donc la « pupille de l’œil » de la taille d’un « pépin ». Et de l’autre le latin « pupus », petit garçon, d’où le « poupon », et attesté en 1334, le pupille, comprenons l’orphelin mineur sous la garde de quelqu’un ou d’une institution. C’est par extension qu’un siècle plus tard, pupille va aussi désigner le jeune homme élève d’un précepteur, de là vient d’ailleurs l’anglais courant pupil, un élève alors qu’en français, évoquer ses pupilles pour ses élèves, c’est archaïque et peut même prêter à confusion parce qu’on appelle aussi « pupille de l’école publique » , les élèves pauvres qui bénéficient d’une aide morale et financière des collectivités locales. En fait le sens fort du mot pupille reste bien la condition malheureuse des orphelines et orphelins mineurs, attesté en 1811 en tant qu’enfants pris en charge par une collectivité, d’où les pupilles de l’État, autrefois dits de l’Assistance publique et, depuis 1917, les « pupilles de la Nation » pour les enfants des victimes de guerre, ce qui renforce bien l’idée d’une guerre livrée au virus, hélas ennemi difficile à cerner. Il faut relire Michelet et son Journal de 1847 pour montrer qu’hélas l’histoire se répète. Voilà ce qu’on y lit à propos de pupilles de l’État. « Les orphelines et orphelins se promènent aujourd’hui libres, dans la ville. Rien de plus touchant que ces pupilles de l’État, du peuple, de tous. Les nombreux établissements d’orphelins indiquent assez combien la marine ou les épidémies détruisent ici de familles ».
Et à propos de nos pupilles que ce soit celles de nos yeux ou ces enfants à soutenir, je crois qu’il faut changer la formule en ne disant plus « j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux », mais « J’y tiens comme à nos pupilles quelles qu’elles soient ou quels qu’il soient ».
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