"Pupille", c’est l’histoire de Théo que sa maman a choisi de mettre au monde mais de ne pas garder, et de toute la chaine professionnelle qui se met alors en route à ce moment-là.
Donc l’accouchement sous X, c’est le point de départ du film mais le thème est ensuite celui de l’adoption, abordé d’un point de vue nouveau, puisqu’il nous parle d’un nourrisson. On a déjà vu de beaux films sur le parcours difficile de parents qui attendent un enfant à adopter. Souvenez-vous de "Holy Lola" de Bertrand Tavernier par exemple. Ou des films sur des adultes à la recherche de leurs parents biologiques. Mais c’est la première fois que le cinéma s’intéresse d’aussi près à un tout jeune bébé.
Dans le film, on découvre assez ébahis les rouages des services sociaux. On est frappés par la dimension très collective du processus et surtout à quel point l’humain est au cœur du dispositif.
Ce qui nous émeut profondément, c’est que tous finalement n’ont qu’un seul but, le bien du plus fragile d’entre tous. A un moment, l’assistante sociale dit : "Mon travail ce n’est pas de trouver un enfant à des parents qui souffrent, mon travail c’est de trouver les meilleurs parents possibles à un enfant en difficulté".
La réalisatrice a rencontré de nombreux professionnels en entretiens et les a fait parler longuement de leur métier. Et le film sonne extrêmement vrai. Puis elle a écrit son scénario comme une véritable fiction, en créant des personnages très incarnés, et on est tenus en haleine par le déroulement de l’histoire. Gilles Lellouche joue l’assistant familial qui recueille Théo pendant les premiers mois. Il garde toute la virilité de ses films précédents. Mais ajoute ici une nouvelle palette de jeu, avec de la douceur et de la délicatesse, qui en font, un de ses meilleurs rôles. Sandrine Kiberlain apporte son mélange de sérieux, de légèreté et de fantaisie. Et puis on est contents aussi de retrouver Miou-Miou en coordinatrice du Conseil de famille - et qui dans "la vraie vie" est la mère de la réalisatrice.
Le titre joue évidemment sur le double sens du mot : à la fois Théo qui devient "pupille" de la nation. Mais aussi la pupille de l’œil, par lequel Théo rentre en contact avec les adultes qui s’occupent de lui.
Mais au-delà du regard, ce qui frappe dans le film, c’est l’importance de la parole. Clairement Françoise Dolto est passée par là et à plusieurs reprises, ce sont les mots qui vont être dits ou non-dits à Théo qui font avancer l’histoire. C’est donc un film très prenant, très juste, très émouvant. Alors, allez voir "Pupille" en salles ! Et puis finalement, quoi voir d’autre au cinéma à Noël que l’histoire d’un nouveau-né emmailloté qui apporte la Vie !
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !