Parce que la Georgie vient d’adopter une loi interdisant les avortements dès que les battements du cœur du fœtus sont perceptibles, c’est-à-dire environ à la sixième semaine. Il existe en effet un mouvement de fond assez puissant aux Etats-Unis visant à revenir sur les conditions actuelles d’accès à l’IVG et tous les commentateurs politiques annoncent que ce sujet sera au cœur de la campagne présidentielle qui se prépare.
Oui et non. Oui parce que je suis né un an avant la loi Veil et que depuis 45 ans tout a été fait pour banaliser l’IVG. Et non, car nous voyons bien que notre civilisation ne peut cesser de questionner le principe même de la vie. A partir de quand ou à partir quoi sommes-nous vivants ? A partir de quand ou à partir de quoi, cessons-nous de l’être ? Et entre temps, cette vie mérite-t-elle d’être protégée ? Contre quoi ou contre qui ? Voyez-vous, dans une étude parue dans le Journal of Medical Ethics, deux chercheuses en bioéthique invitaient récemment à étendre l’IVG… aux nouveaux-nés. Tandis que l’Etat de Georgie entend le restreindre aux premiers battements du cœur. Ces questions restent donc ouvertes et légitimes.
Bien, je suis étonné de voir des entreprises prendre aussi ouvertement position dans ce débat.
Non pas du tout. Cela me renforce dans l’idée qu’entrepreneurs et dirigeants nous devons donner un sens à nos entreprises et que ce sens trouve nécessairement ses racines dans une conception fondamentale de l’homme, du bien et du mal. Bien sûr en l’espèce, cela m’interroge sur les valeurs véhiculées par ces entreprises de "divertissements". Mais cela doit surtout nous encourager à prendre des positions alignées avec nos aspirations profondes.
Oui. La prochaine loi bioéthique qui fait suite aux Etats généraux, vous vous souvenez ? – la grande consultation qui a été passée par perte et profit parce que ses conclusions étaient contraires à celles attendues par le gouvernement. Cette loi entend faciliter la congélation des ovocytes au-delà du cadre strictement médical. Cela veut dire concrètement que bientôt en France, ce "service" sera proposé à des salariées par leurs entreprises – comme c’est déjà le cas dans la Silicon Valley – au même titre que les tickets restau ou l’abonnement à la salle de gym.
L’argument massue est le suivant : ainsi les femmes pourront faire carrière. Eh bien je m’oppose en tant qu’entrepreneur à ce dispositif qui conduit à l’avilissement insidieux de nos collaboratrices et à faire de leur maternité un enjeu de compétitivité entre acteurs économiques.
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