C’est un sujet qui tend à s’imposer dans le débat public: la protection des animaux. Beaucoup de candidats à l’élection présidentielle s’en emparent et font des propositions sur le sujet. Mais à quelles fins politiques ?
La cause animale se fait une place relativement importante, qu’il s’agisse de la chasse ou de la lutte contre la maltraitance des animaux. Chaque personnalité politique semble avoir son idée sur le sujet. Certains formulent même déjà des propositions.
Le candidat écologiste Yannick Jadot veut créer un ministère du bien être animal et interdire la chasse le mercredi et le week-end, en réaction aux récents accidents de chasse. Le communiste Fabien Roussel préfère lui défendre "l’humain d’abord". Pas forcément très porté sur les animaux, il a d’ailleurs défendu les chasses traditionnelles.
C’est à droite que les politiques sont traditionnellement plus favorables à la chasse. C’est le cas des candidats à l’investiture des Républicains Xavier Bertrand et Michel Barnier. À l’extrême-droite, Marine le Pen est particulièrement tiraillée. La candidate du Rassemblement national évoque souvent sa passion pour les chats et son diplôme d’éleveuse de chats. Mais son parti a toujours été plutôt attaché à la chasse. Si elle est élue, Marine le Pen voudrait qu’une partie du code civil soit réservé aux animaux.
Hélène Thouy se présente quant à elle pour le parti animaliste. C’est la première fois depuis sa création, que le parti présente un candidat à cette élection. Avocate de profession, Hélène Thouy fait de la fin de l’élevage intensif une priorité absolue. Elle préconise aussi l’interdiction de la chasse. Hélène Thouy est pour l’instant créditée dans les sondages de 2 % des intentions de vote selon un récent sondage IFOP, devant le candidat de gauche Arnaud Montebourg. "On est clair sur le fait qu’on ne va pas accéder à la présidence de la République, explique-t-elle, réaliste. Par contre, ce que l’on veut c’est que la question animale soit inscrite à l’agenda politique des cinq prochaines années." La candidate a obtenu la note de 19,8/20 auprès de l’association de défense des animaux L214. Sur leur site, ils notent les hommes et femmes politiques sur leur action pour la cause animale.
Puisque la société dans son ensemble se mobilise sur la cause animale, les politiques s’emparent du sujet, observe Muriel Arnal, présidente et fondatrice de l’association One Voice. "La cause animale gagne du terrain dans le débat politique. La France est toujours bonne dernière mais ça progresse. C’est un petit peu sur le côté par rapport à d’autres préoccupations, ce qu’on peut comprendre. Néanmoins c’est important et je ne sais pas si cette présidentielle sera vraiment l’occasion d’en discuter", explique-t-elle.
Mais alors pourquoi les politiques se positionnent-ils sur cette question ? "Sur toute cause qui tient à un segment de la société, il y a toujours un enjeu électoral. Se dire préoccupé par la cause des animaux est un message d’empathie qu’on envoie à ses électeurs. Les hommes et femmes politiques sont des personnalités de conviction et des grands stratèges. Dans une élection aussi compétitive, obtenir quelques milliers de voix de plus qu’un concurrent c’est toujours bon à prendre", analyse Bruno Cautrès, chercheur au CEVIPOF, le centre de recherche politique de Sciences Po.
Une stratégie qui manque en tout cas de sincérité selon Hélène Thouy. "Les responsables politiques des différentes formations politiques ne sont eux pas véritablement sincères et engagés sur cette question-là. Ils ont compris l’enjeu électoral que portait cette question et donc ils se positionnent pour essayer de capter un électorat mais malheureusement c’est souvent des effets d’annonce et les mesures concrètes ne sont pas là", regrette la candidate du parti animaliste. Des actes, il y en a eu tout de même avec l’adoption définitive de la loi contre la maltraitance animale portée par la majorité. Elle prévoit l’interdiction des delphinariums à l’horizon 2026 ou encore le durcissement des sanctions contre la maltraitance animale. Mais certaines associations estiment que le texte manque d’ambition.
Et puis il y a un sujet un peu moins consensuel et plus clivant : la chasse. Après des récents accidents de chasse, des candidats veulent l’encadrer davantage. Mais c’est un terrain qui peut s’avérer glissant. "Ça touche à des dimensions symboliques d’une société française un peu plus traditionnelle, des campagnes, de la ruralité donc derrière il y a toujours le clivage urbain-rural. C’est un élément beaucoup plus fort et symbolique qui peut activer d’autres clivages plus idéologiques et territoriaux", explique Bruno Cautrès. Un débat qui a de quoi énerver les amateurs de la chasse et notamment le patron de la fédération nationale des chasseurs. Willy Schraen estime que Yannick Jadot, qui veut interdire la chasse le mercredi et le week-end, "surfe sur la peur des gens de façon totalement démagogique".
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