L’assemblée générale du synode sur la synodalité s’est achevée ce week-end à Rome. Après un mois de travaux, les pères et mères synodaux ont publié leur rapport de synthèse. Un document de 42 pages qui formule 81 propositions qui devront être tranchées lors de la prochaine session du synode en octobre 2024. Coresponsabilité des laïcs, place des femmes, célibat des prêtres, bénédiction des couples homosexuels. Quelles sont les conclusions du synode ?
“Coresponsabilité ”, c’est le mot principal à retenir de ce synode. Il s’attaque à la question du gouvernement de l’Église et appelle à une gestion liant les évêques, les prêtres et les laïcs. “Pendant le synode, les évêques se sont aperçus combien cela enrichissait la discussion et le discernement de réfléchir avec des laïcs, sans rien enlever à leur responsabilité” relate sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du synode.
Il y a un désir de promouvoir l’implication des femmes dans les processus décisionnels et dans des responsabilités pastorales
Dans leur conclusion, les 364 membres souhaitent par exemple rendre “obligatoire” un plus grand contrôle des activités et des décisions des évêques par des laïcs compétents. L’ouverture de la “prédication” pendant la messe, aux hommes et aux femmes non ordonnés est également suggérée. “Ce qu’exprime ce synode, c’est qu’on ne peut pas penser les uns sans les autres” assure Nathalie Becquart.
Dès le début du synode tout a changé puisque le pape a convié 54 femmes dotés d’un droit de vote. Résultat : la question de la place des femmes dans l’Église a bien été débattue et les pères et mères synodaux y consacrent une large part de leur synthèse. “Il est urgent de garantir que les femmes puissent participer aux processus décisionnels et assumer des rôles de responsabilité dans la pastorale et dans le ministère” écrivent-ils. “Il y a un désir de promouvoir l’implication des femmes dans les processus décisionnels et dans des responsabilités pastorales” traduit la sous-secrétaire du synode.
Une réflexion s’ouvre donc, mais les actes attendront, car la question de l’ouverture du diaconat féminin est renvoyée à plus tard. D’ailleurs ce point présenté comme prioritaire a suscité la plus forte résistance, deux propositions ayant recueilli le plus grand nombre de "non", avec environ 20 % des votes. L’article est donc le plus mal voté du synode.
Même tendance concernant l'abolition du célibat des prêtres. Là aussi, avec 55 votes contre, cette question a été l'une des moins consensuelles parmi les participants. Ils la remettent donc à plus tard.
Enfin, on attendait de ce synode une prise de position sur la bénédiction de couples homosexuels. Le sujet passe presque inaperçu. Le terme "LGBTQ+" n'apparaît même pas dans le rapport final. La synthèse évoque les "personnes qui se sentent marginalisées ou exclues de l’Église en raison de leur situation matrimoniale, de leur identité et de leur sexualité". À leur égard une proposition inédite : “instituer un ministère de l’écoute et de l'accompagnement”.
Le débat est donc passé sous les radars, mais Nathalie Becquart essaie d’avoir une autre lecture : “La question prioritaire pour tous est de savoir être une Église accueillante, à l’écoute et qui peut accompagner tout le monde. Dans certains pays, cela va être une attention aux personnes homosexuelles alors que dans d’autres pays, on va plus réfléchir à l’accueil de la population indigène”. Il faut comprendre que la problématique de la bénédiction des couples homosexuels n’est pas abordée concrètement, car certaines Églises, notamment en Afrique, refusent la question.
La synthèse du synode est présentée comme un “point d’étape” et elle va être travaillée dans les diocèses du monde entier. Ils pourront faire remonter leurs remarques à Rome avant l’été prochain. Une seconde session du synode aura lieu en octobre 2024. Le pape seul décidera début 2025 ce qu’il retiendra du synode pour réformer l’Église catholique.
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