Nouveaux cartables, nouveaux cahiers, parfois même nouvelle école... C'est la rentrée pour 900 mille enfants et adolescents en Fédération Wallonie Bruxelles. Une rentrée avec une semaine d'avance par rapport à l'enseignement néerlandophone et germanophone.
Cette année 2023-2024, les écoles vont poursuivre l'intégration des mesures du Pacte d'excellence. Une dizaine de nouvelles mesures vont entrer en vigueur. Il y a notamment la gratuité des fournitures qui s'étend désormais des maternelles aux élèves de 1ère et 2ème primaire. Ceux de 3ème primaire en Wallonie commenceront à apprendre une seconde langue. Ou encore, toujours en primaire : le nouveau dossier d'accompagnement de l'élève qui est mis en place à partir de cette année. Et puis, il y a aussi le décret sur les compétences et l'évaluation des enseignants, approuvé en juillet dernier. Il devrait entrer en vigueur en 2026, mais déjà son ombre plane sur les relations entre les enseignants et le gouvernement. Les syndicats ont déposé ce lundi, jour de rentrée, un préavis de grève pour couvrir toutes les actions jusqu'à la fin de la législature. Soit quasiment jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Dans l'Air du temps, Delphine Freyssinet fait le point sur les enjeux de cette rentrée scolaire avec Etienne Michel, directeur général du SEGEC (Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique) et Bernard Hubien, délégué général de l'UFAPEC (Union Francophone des Associations de Parents de l'Enseignement Catholique)
Le Pacte pour un enseignement d'excellence ? Un pacte fondamental pour l'école !
Conclu en 2017, le Pacte est une feuille de route claire. Un élément fondamentalement positif, remarque Etienne Michel. Il crée de la stabilité et de la continuité dans les politiques qui sont menées. Les réformes qui arrivent ne sont pas toutes faciles à mettre en œuvre. Mais, poursuit Etienne Michel, elles sont connues et préparées depuis longtemps. Le contexte est donc le meilleur possible, estime le directeur général du Segec.
C’est un pacte fondamental, renchérit Bernard Hubien, pour l’UFAPEC. Il s’agit de transformer le système scolaire, d’un système d’échec, de douleurs pour un parcours où chacun ait le désir et le plaisir d’y être. Un bémol, note Bernard Hubien : les autorités n’ont pas assez communiqué vers les parents pour expliquer les enjeux positifs de ce pacte. Une communication pourtant indispensable pour que les parents puissent s’emparer du projet également.
Un Pacte pour que tous les acteurs de l'école - directions, enseignants et élèves - aient le désir et le plaisir d'y être.
Ecoles cherchent profs désespérement... Les solutions du SEGEC et de l'UFAPEC
La pénurie est particulièrement préoccupante pour les cours de langue et les cours techniques ou de pratique professionnelle. Le Segec a adressé une piste de solution à la ministre de l'Education, Caroline Désir. Il suffirait, explique Etienne Michel, de développer dans l’enseignement obligatoire un système d’experts, comme cela existe dans l’enseignement de promotion sociale.
Faire appel à des experts ? Ce n’est pas une mauvaise chose, réagit Bernard Hubien. Depuis plusieurs années, l’UFAPEC demande la possibilité de mobilité dans la carrière professionnelle : avec des moments où on enseigne et d’autres où on travaille dans une entreprise. Le seul problème, note Bernard Hubien, c’est la rémunération. ll y a une trop grande différence entre le salaire d’un employé avec15 ans d’ancienneté et un professeur qui démarre. Ce qui fait que des candidats ‘experts’ potentiels reculent.
Profs et parents : je t'aime, moi non plus ?
Le métier d’enseignant n’a plus la même aura qu’il y a cinquante ans. On ne peut pas le nier, reconnaît Bernard Hubien. Dans ses précédents mémorandums, l’UFAPEC a mis en avant la nécessité de mettre en place des campagnes de revalorisation de l’image sociale des enseignants. “On a peut-être raté le coche après le confinement, regrette Benard Hubien, parce qu’à ce moment-là, beaucoup de parents ont découvert que c’est vraiment un métier
Mais Bernard Hubien ne veut pas noircir le tableau. De très nombreux parents, affirme-t-il, qui sont plein de reconnaissance pour les enseignants de leurs enfants.
On a raté le coche après le confinement, parce qu'à ce moment là, beaucoup de parents ont découvert que c'est un vrai métier.
La rentrée, une note douloureuse pour les familles
On est encore loin de la gratuité totale de l'école. Il y a bien sûr les fournitures de base : cahiers, crayons, manuels, cartable… Et dès l’entrée en secondaire, la note s'alourdit avec l’achat d’un ordinateur, devenu incontournable. Il existe des aides, rappelle Bernard Hubien. Mais certaines familles n’imaginent pas y avoir droit. Cela se corse aussi quand un enfant entre dans l’enseignement qualifiant. Le coût du matériel à se procurer grimpe alors très vite. L’UFAPEC a mené l'enquête. Elle montre que certaines familles vont jusqu'à s'endetter pour équiper leurs enfants. Il est nécessaire de trouver tous les moyens possibles pour diminuer la facture des parents, estime Bernard Hubien. Et puis, pendant l’année, il y a les voyages scolaires. Dans certaines écoles, déplore Bernard Hubien, on a vu des voyages à plus de 1000, voire 1500 euros. L’UFAPEC reconnaît les bénéfices des voyages, mais demande un plafonnement des coûts réels.
Au-delà des problèmes, il se passe beaucoup de belles choses dans nos écoles !
Au-delà de toutes ces questions, Etienne Michel garde la motivation grâce aux directions, enseignants et élèves qui avancent tous main dans la main. Il nous invite à aller sur le terrain et voir tout ce qui se passe de bien dans les écoles. C’est extrêmement positif, conclut Etienne Michel.
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