Toute la journée,
Jésus avait parlé à la foule.
Le soir venu, Jésus dit à ses disciples :
« Passons sur l’autre rive. »
Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était,
dans la barque,
et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête.
Les vagues se jetaient sur la barque,
si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière.
Les disciples le réveillent et lui disent :
« Maître, nous sommes perdus ;
cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer :
« Silence, tais-toi ! »
Le vent tomba,
et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit :
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ?
N’avez-vous pas encore la foi ? »
Saisis d’une grande crainte,
ils se disaient entre eux :
« Qui est-il donc, celui-ci,
pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Source : AELF
Seigneur, tu es maître du réveil et voici que, contre toute attente, tu sommeilles dans une barque secouée par une violente tempête.
Les temps sont parfois difficiles ; la barque, symbolique de l’Eglise, n’évoque-t-elle pas ces traversées où elle hésite, s’agite et s’inquiète. Nous sommes cette Eglise, de cette Eglise.
Ce matin, Seigneur, Tu viens nous parler et nous inviter à faire silence.
Trop de brouhaha conduit à un relativisme qui ne peut qu’entraîner la confusion, celle-là même que les disciples connaissent s’écriant : nous sommes perdus. Perdus pour qui, pour quoi ? Quelle est cette perte. Jésus la nomme, un manque de confiance, d’où son interrogation attristée : n’avez-vous pas encore la foi ?
Ils n’osent répondre, gardant pour eux leur étonnement qui n’est pas sans émerveillement pour observer le calme qui surgit.
Paul Ricœur ne parle pas de la perte de la foi mais se demande s’il y a une place disponible pour elle.
L’expression juste revêt une singulière actualité. Les écrans, avec les addictions qu’ils entraînent, ne laissent pas beaucoup de place tant ils sont instrumentalisés pour activer les dérives et déchaîner les passions.
Que de tempêtes qui voudraient nous distraire du cap à maintenir pour se construire en humanité.
Quelle place alors pour la prière. Il n’est pas inintéressant, me semble-t-il, de noter que ce mot a la même racine latine prex que le mot précarité, lequel renvoie au manque, à la vulnérabilité.
L’homme juste, possesseur de grands biens, qui a désiré rencontrer le Christ pour le suivre s’est entendu dire : il ne te manque qu’une chose, c’est d’accepter de manquer. La fragilité ne serait-elle pas chemin de la pureté.
Ce matin, dans nos barques, ne serions-nous pas appelés à accepter de laisser monter en nous ces tempêtes intérieures. Ne nous inquiétons pas, elles sont une chance pour venir fracasser cet encombrant inutile auquel nous donnons tant d’importance. Alors, une disponibilité se fait jour pour risquer une traversée inattendue, laissant place à l’improbable.
N’est-ce pas ici ce qu’évoquent les spirituels, ce lâcher-prise sans lequel nous n’avons de prise que sur des possessions qui finalement nous possèdent.
Un espace s’ouvre. Ne l’appelons pas doute ; il est d’abord un creuset, un éveil. C’est là que le Seigneur se tient. Il ne fait pas de bruit, si peu que nous croyons qu’il sommeille. Est-ce un songe, non, vous avez bien entendu je suis avec vous dans votre traversée.
Quel réveil !
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