Hier, alors que la tension montait sérieusement d’un cran entre l’Iran et les Etats-Unis rapprochant un peu plus encore le monde d’une guerre de plus en plus probable, tout Bruxelles bruissait de mille rumeurs sur l’identité du prochain (ou de la prochaine) président de la Commission européenne. C’est que les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 se réunissaient hier en conclave pour tomber d’accord sur le nom de celui (ou de celle) qu’ils proposeraient au Parlement qui devra l’élire. Ce qu’ils ont échoué à faire, aucun nom n’ayant fait consensus.
Il faut dire que la journée avait commencé en grande pompe avec l’enterrement en bonne et due forme du système des spitzenkandidaten, ce système de têtes de liste présentées par les partis européens comme candidats à la présidence de la Commission. Et le coup de grâce porté à la candidature de Manfred Weber, cet Allemand conservateur candidat du Parti Populaire Européen, est venu de là où on ne l’attendait pas : du Parlement européen lui-même…
En effet, hier matin, les dirigeants des groupes socialistes et libéraux-centristes (respectivement deuxième et troisième en taille) ont annoncé à Manfred Weber, qu’il ne pourrait pas compter sur leur soutien, rompant de fait l’unité (déjà fragile) du Parlement sur la question du système des Spitzenkandidaten. Coup très probablement téléguidé par le président Macron et le premier ministre espagnol Sanchez, très opposé à la fois à ce système et à la personne de Manfred Weber.
Heureusement les candidats (plus ou moins déclarés) ne manquent pas et toutes les hypothèses ont pu être testées, discutées, éprouvées. Du français Michel Barnier au Premier ministre croate Andrej Plenkovic, de la danoise Margrethe Vestager à la bulgare Kristalina Georgieva, etc. Mais aucune ne s’est concrétisée.
C’est que la nomination du candidat à la tête de l’exécutif européen obéit à de subtils et complexes équilibres politiques et géographiques, qui impliquent plusieurs postes de haut-niveau : présidences du Conseil européen et du Parlement, Haut-Représentant pour les Affaires étrangères, présidence de la BCE. Il faudra notamment que la chancelière Merkel, qui essuie un revers important avec la mise à l’écart de Manfred Weber, puisse revenir en Allemagne avec un prix de consolation. On parle de la tête de la BCE, par exemple, qui pourrait revenir à l’actuel patron de la banque fédérale allemande.
Les chefs d’Etat et de gouvernements vont devoir se retrouver très bientôt, probablement le 30 juin prochain pour tenter à nouveau de s’entendre.
Plus que jamais je crois aux chances du Français Michel Barnier, habile politique et très largement consensuel. Mais, rendez-vous le 30 juin pour voir si je me trompe complètement.
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