Nouvelle tendance virale sur les réseaux sociaux, la démission silencieuse ou quiet quitting fait peu à peu son arrivée dans les entreprises. Après une vague de démissions post-crise sanitaire, les Français préfèrent désormais rester en poste et s'en tenir à leurs horaires, leurs missions et leurs objectifs fixés, ni plus ni moins. Une pratique qui pourrait se révéler bénéfique pour la santé mentale.
Imaginez une journée où vous feriez stricto sensu le bon nombre d’heures de travail. Mieux encore : une journée de travail dans laquelle vous n’êtes pas surchargé de dossiers par votre patron pour, par exemple, pallier l’absence de votre collègue. C'est la nouvelle tendance du quiet quitting, pratique américaine qui arrive peu à peu en France et en Europe. Outre-Atlantique, ils sont déjà des milliers de salariés à se préserver et à ne réaliser que leurs heures de travail, sans aller au-delà.
La pratique du quiet quitting commence doucement à donner des idées aux employés en France. Ils disent "stop" à leur patron qui les surcharge de missions. Une pratique qui prouve que depuis la fin de la crise sanitaire, le monde du travail s'est inscrit dans une nouvelle réalité. "Pourquoi cela nous étonne que certains ne fassent que leur travail et ne se surengagent pas ? Depuis quand le surengagement est devenu la norme ?", s'interroge la philosophe du travail, Céline Marty.
Elle souligne que "ce n'est qu'en France qu'il y a cette culture du présentéisme". Ce n'est donc pas une "révolte des glandeurs" mais bien un changement de paradigme d'une nouvelle génération, à la recherche d'un équilibre de vie.
Si les patrons reprochent aux salariés un manque de conscience professionnelle, il s'agit plutôt d'un droit à la déconnexion, selon les spécialistes. Un droit très encadré dans le code du travail qui vise à assurer le respect des temps de repos entre vie personnelle et vie professionnelle.
Si cette loi existe, c'est aussi et surtout pour préserver sa santé mentale, explique le psychologue du travail Christophe Nguyen. "Avoir un travail est meilleur pour la santé que de ne pas en avoir", détaille le psychologue qui estime "que du fait de l'incertitude, les gens ont du mal à se projeter vis-à-vis de l'avenir. Ils se recentrent ainsi sur des priorités de vie, autour de la famille et préservent leur santé".
Entre employeurs et employés, l'enjeu se jouerait alors sur la question du dialogue et du rapport de force. Longtemps en faveur des employeurs après la fin des grandes grèves des années 1960-1970, ce rapport de force pourrait bien s’être inversé depuis la fin de la crise sanitaire. Les salariés ont ainsi davantage d'exigences que par le passé pendant les entretiens, notamment concernant l'équilibre de vie.
A contrario, les entreprises sont confrontées à une crise de recrutement et à une réelle pénurie de main d'œuvre, tous secteurs confondus. "Il va falloir tenir compte de la vie des collaborateurs au sens large et c'est le covid qui a amené ça. On ne peut plus faire comme si les gens n'avaient pas de vie en dehors du travail", souffle Sandra Fillaudeau, qui accompagne les entreprises à mieux comprendre les aspirations des salariés.
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