Il y a un an la commission Sauvé dévoilait le rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique. Dans le diocèse d'Alsace, un travail avait déjà été entrepris ces dernières années pour recenser des victimes. Mais ici aussi, le rapport a choqué, de par l'ampleur du phénomène qu'il décrivait. Un an après, peut-on faire un premier bilan ? Nous avons posé la question à Soeur Susannah Kelly, déléguée auprès de l’archevêque de Strasbourg.
Il y a un an, le rapport Sauvé, du nom de son auteur Jean-Marc Sauvé, provoquait un véritable séisme dans l'Église de France et dans la société toute entière. Pour la première fois, une commission indépendante, la SIAD, révélait que des dizaines de milliers de victimes avaient été précisément victimes d'abus sexuels de la part de prêtres ou de religieux depuis l'après-guerre. Comment en est-on arrivé là? Comment l'Église a-t-elle réagi? Quelles dispositions prendre pour que cela ne se reproduise plus?
RCF ALSACE Bonjour Soeur Susanna. Vous êtes religieuse et déléguée auprès de l'archevêque de Strasbourg des questions d'abus sexuels. Parmi tout ce qui a été dit dans ce rapport, qu'est ce qui vous a le plus marqué?
Soeur Susanna Évidemment, le nombre de victimes. Il y a en moyenne 60 victimes par agresseur. Il faut absolument intervenir. Quand nous savons qu'il y a quelque chose, il faut mettre des éléments en place, que les sanctions soient prises et que la personne soit retirée de son ministère et du contact avec les mineurs.
RCF ALSACE Combien de victimes a t-on dénombré en Alsace? Et actuellement, combien en accompagnez-vous?
Soeur Susanna Depuis 1947, nous avons vu à peu près 180 victimes qui sont venues se manifester au diocèse. Une autre quinzaine se manifestent avec France victimes. Depuis que nous avons ouvert la ligne téléphonique, j'accompagne une vingtaine des victimes.
RCF ALSACE Il y a un outil de prévention que vous avez créé avec d'autres, qui s'appelle “le Code des relations pastorales”. En deux mots, qu'est ce que c'est? “Le code des relations pastorales”, Comment le définiriez-vous?
Sœur Susanna C'est surtout un élément de prévention. Il y a beaucoup d'éléments précis. Premièrement, le binôme n'est jamais un adulte seul avec un mineur. Il y a les questions de module, d’affectivité et de relations sexuelles avec les adolescents. On parle aussi de la question des abus sexuels, des éléments législatifs, etc. Il y a bien d'autres mesures de prévention qui sont contenues dans ce code.
RCF ALSACE Pourquoi toutes ces victimes n'ont pas parlé pendant tant d'années? Il y a bien sûr la question de la mémoire traumatique, mais pourquoi ont-elles gardé ça dans leur cœur, dans leur corps, pendant tant d'années?
Soeur Susanna Il y a bien des raisons. On ne peut pas nommer une chose, mais nous savons qu'il y a une question de tabou sur le sujet en général. Les victimes portent énormément de culpabilité et cela les empêche de venir et d’en parler.
RCF ALSACE Merci sœur Susana. Je rappelle à nos auditeurs que nous avons un numéro spécial du magazine Carrefour d'Alsace sur la prévention des abus (numéro à demander au service de communication du diocèse).
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