Chaque année, en France, trois stations de ski sont forcées de fermer leurs portes. Manque de neige ou de clients, après des décennies d'épopée hivernale, c'est une page qui se tourne.
A Granier sur Aime, en Tarentaise, c'est le coeur lourd que les pylônes des téléskis ont été démontés. Mais les locaux ont décidé de faire don de leur matériel, pour que d'autres domaines puissent perdurer.
Dès les années 1930, l'histoire de Granier-sur-Aime s'écrit dans la neige. D'abord à pied, puis avec un fil neige, avant que les premiers téléskis n'apparaissent, les locaux dévalent les pentes du village.
Rapidement, les touristes sont de la partie : Les gîtes se multiplient et entre 1980 et 2010, la station vie son âge d'or. Un or blanc, qui transforme, à l'époque, chaque sommet alpin en Eldorado.
Mais depuis quelques années, les résidences touristiques sont devenues des habitations à l'année, les vacanciers se font moins nombreux... La neige aussi.
C'est le coeur lourd que le maire délégué, André Pellicier, décide d'acter la fermeture du site.
Rapidement, il est décidé de rendre le terrain à la nature, hors de question de transformer Granier-sur-Aime, en "station fantôme" (voir en bas de page).
Mais que faire du matériel, en bon état, devenu inutile ?
"Je n'aime pas jeter ! Pour moi c'était évident qu'il fallait le donner. C'est du matériel de valeur, sentimentale, mais pas que" explique l'élu. "Je me serais senti très mal de ne pas essayer de donner, à une partie de cet équipement, une seconde vie".
Une annonce paraît et trois stations se montrent rapidement intéressées : Manigot, en Haute Savoie, Valmorel en Savoie et le Granier (en Chartreuse), une station associative, reprise par ses habitants en 2019.
C'est donc en Chartreuse, que l'aventure se poursuit. Deux bénévoles de l'association sont allés en Tarentaise, chercher le matériel qui pourrait leur être utile.
Aujourd'hui, le tout est rangé, à l'abri, en attendant d'être installé pour la saison prochaine. "Ce don représente de vraies économies" avoue Eric Gonzalez, membre du conseil d'administration de la Station du Granier. "Une perche, c'est 1000 €, on en a récupéré une cinquantaine. En plus, c'est du matériel ancien, qui ne se fait plus ou alors sur mesure. On est très reconnaissant."
Poulies, échelles, perches, potences... Plusieurs dizaines de milliers d'euros ont ainsi été légués à la petite station chartrousine.
C'est ce genre de geste qui permet à de petites stations de fonctionner encore un peu
Avec des pistes perchées à 1000 m d'altitude, les bénévoles les savent, les jours de la Station du Granier seront, eux aussi, comptés.
En attendant, ils maintiennent l'existant pour l'attractivité du territoire et ce réemploi est en phase avec leur philosophie. "C'est ce qu'on fait, ce qu'on veut : Récupérer de l'ancien, plutôt que d'acheter du neuf" explique Eric Gonzalez.
Si la fermeture de la station du Granier-sur-Aime est un crève-coeur, l'histoire ne s'arrête pas pour autant, elle se poursuit désormais sur d'autres pentes, sous d'autres skis.
Le réemploi pour lutter contre les stations fantômes
Il y a quelques années, la France était le plus grand domaine alpin du monde avec ses 350 stations.
Mais, à bout de souffle, les domaines de basse et moyenne altitude ferment. Le motif est souvent climatique et donc économique. Il n'y a, souvent, plus d'argent dans les caisses pour le démontage du matériel et la démolition des sites touristiques environnants.
Des cicatrices qui jonchent et polluent les pentes des massifs. Dans le pays, plus de 150 de ces "stations fantômes" sont toujours sur pied.
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