Les discussions autour de la réforme des retraites reprennent ce matin. Les organisations syndicales et patronales sont convoquées à 9h30 au ministère du Travail. C’est le Premier ministre, Edouard Philippe, qui doit ouvrir la séance de discussion rue de Grenelle. Une séance qui se tiendra ensuite sous l’égide de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Il sera notamment question de pénibilité et d’emploi des seniors. A la veille de ce rendez-vous, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a fait une proposition. Il suggère la convocation d’une "conférence de financement" du système de retraite distincte du projet de loi en préparation.
Et le gouvernement semble prêt à écouter les propositions de la CFDT. Les ministres de l’Economie, Bruno Le Maire, et des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, se sont dits intéressés par le principe de cette "conférence de financement" du système de retraite, séparée de la réforme. Pour Jérôme Sainte-Marie, fondateur de la société d’études et de conseil Polling Vox et enseignant à l’université Paris-Dauphine, la CFDT joue un rôle stratégique dans ce dossier.
Par ailleurs, la monnaie d’échange entre les deux camps tournera sans doute autour de la question de l’âge pivot. Pour Laurent Berger le retrait de l’âge pivot est un préalable à la discussion avec le gouvernement. En attendant, ce dernier a déjà lâché du lest. Le principe de cette réforme est d’instaurer un régime universel de retraite en mettant fin à la quarantaine de régimes spéciaux. En réalité la liste des exceptions à la règle s’allonge. Des danseurs de l’Opéra en passant par les cheminots, les contrôleurs aériens, les policiers ou encore les militaires, les négociations se font au cas par cas.
L’exécutif a désormais l’intention d’aborder le sujet sur le terrain de la pénibilité. Un moyen de lâcher un peu de lest sur la question de l’âge pivot qui cristallise la contestation contre le projet. C'est ce qu'explique Bruno Cautrès chercheur au CNRS et au CEVIPOF, au micro de Pauline de Torsiac.
L’exécutif est aujourd’hui sur une ligne de crête en tentant d’un côté de mettre en avant l’universalité du régime de retraites et de l’autre de faire des concessions à certaines professions. Un numéro d’équilibriste pour le moins fragile, ajoute Bruno Cautrès, interrogé sur RCF.
Lund soir, Edouard Philippe a rappelé qu'il était "hors de question" de renoncer au principe d'universalité affiché par la réforme, lors d'une réunion du bureau exécutif de La République en Marche à laquelle assistait une douzaine de ministres. Le Premier ministre a estimé que "le compromis nécessite que chacun fasse un pas vers l'autre" et s'est montré "optimiste sur la capacité à y arriver".
En attendant un éventuel dénouement des tensions, celui qui joue gros dans cette affaire, c'est Emmanuel Macron. Pour le président de la République, cette réforme des retraites est importante politiquement. Elle serait même emblématique dans la perspective d’un second quinquennat, comme l'explique le politologue Jérôme Sainte-Marie.
Pas question de crier victoire pour l’instant. Si Emmanuel Macron a demandé à son gouvernement "d’aboutir aussi vite que possible à un compromis", la grogne sociale n’est pas terminée. Les syndicats entendent remobiliser leurs troupes jeudi et samedi.
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